Artisanat : la sculpture se meurt

Jeudi 14 Février 2019 - 21:08

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Le constat est de Brice Massengo, fils de Grégoire Massengo, sculpteur en bois des années 1960 dont un quartier, au nord de Brazzaville, porte son nom.

 Brice Massengo a indiqué que les ateliers de sculpture se font de plus en plus rares à Brazzaville, nonobstant l’Ecole de beaux-arts et l’atelier de sculpture de Massengo dont les conditions de travail garantissent quelque peu la survie de ce métier, après les années fastes de l’époque coloniale jusqu’à la fin du XXe siècle. 

En plus de sa perte de vitesse dans les grandes villes du pays, Brice Massengo a relevé que même dans l'hinterland, la fibre artistique sculpturale des grands parents est coupée. La transmission qui devrait être faite à la postérité est quasiment interrompue pour multiples raisons, surtout financière, a-t-il dit.

Quatrième d’une grande famille dont la sculpture est la seule activité principale, il a expliqué : « La sculpture n’est plus pratiquée comme avant à cause de la mévente des produits. Dans chaque entreprise après production, les produits doivent être écoulés. La mévente démotive les artistes sculpteurs qui, comme tout le monde, ont des responsabilités à assumer. Les jeunes qui ont bien voulu apprendre ce métier ne sont pas restés longtemps à cause de la mauvaise rémunération »

Mais cela ne décourage pas pour autant la famille Massengo, la sculpture faisant partie de leur ADN.  « Si on s’accroche à ce métier, c’est par passion, certains d’entre nous ne le pratiquent plus du fait qu’ils ont pris d’autres déviations, d’autres tangentes », a-t-il poursuivi.

Une résolution malheureuse qui dénote une certaine impatience dans l’apprentissage de ce métier. Un vrai danger pour la survie de la sculpture. Cependant, certains d’entre eux ne font plus de l’art pour l’art. Ils se sont penchés sur l’art utilitaire, celui de la fabrication, à titre d’exemple, des coffrets à bijoux, ustensiles de cuisine, pots de fleurs, etc.

Pourtant, la sculpture se veut témoin de l’histoire en retraçant les grands moments du vécu de l’homme. En somme, c’est un vecteur ou une représentation de la macro culture d’un pays.  « Au Congo, le plus souvent, ce sont les expatriés qui s’intéressent à nos produits. Le grand problème, c’est intéresser le public à consommer les produits locaux parce qu’on ne peut pas seulement compter sur les étrangers », a déploré Brice Massengo.

La solution serait de créer les conditions touristiques pouvant attirer les étrangers, grands consommateurs de la sculpture africaine.  « Il y a quatre mois, l’Etat chinois nous avait invités pour échanger avec nos amis chinois. Durant notre formation, nous avions l’impression que la sculpture a pris naissance en Chine. Ils sont très avancés dans ce domaine surtout au niveau de la finition », a fait savoir le sculpteur.

 Pour sauver la sculpture congolaise et permettre aux artistes de vivre de leurs œuvres, Brice Massengo a évoqué quelques pistes. « Le gouvernement doit nous assister car cela est pour nous une motivation. L’Etat doit nous aider à écouler nos produits et faire nos promotions en organisant des manifestations liées à la sculpture, pour intéresser le public, en mettant des bourses à notre disposition pour aller approfondir des techniques d’arts», a-t-il souhaité.

 

Jade Ida Kabat

Légendes et crédits photo : 

Brice Massengo

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