Médecine pour tous: accident vasculaire cérébral

Jeudi 7 Mars 2019 - 10:57

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Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont un problème majeur de santé publique. D'après un rapport publié par l'Organisation mondiale de la santé en 2011, ils constituent au plan mondial la deuxième cause de démence et la troisième cause de mortalité après les accidents coronariens et les cancers. La même organisation signale la prédominance des AVC dans les pays en voie de développement et qualifie la situation de pandémie.

De quoi s’agit-il ?

L’AVC se définit comme un tableau clinique d’installation brutale ou rapidement évolutif causé par l’interruption de la circulation sanguine dans une partie du cerveau. Il en résulte un déficit en oxygène et en glucose responsable de lésions donnant des tableaux cliniques variés, à prédominance neurosensorielle. On parle d’AVC ischémique en cas d’obstruction d’une artère (trois quarts des cas) et d’AVC hémorragique en cas de rupture de celle-ci (un quart des cas). Quand le tableau ne dure que quelques heures, il s’agit d’un accident ischémique transitoire (AIT).

Les moyens de diagnostic d’un AVC 

 L’interrogatoire vise à préciser le caractère brutal ou non de la crise, ainsi que sa durée : si inférieure à vingt-quatre heures avec imagerie négative, AIT, si supérieure à vingt-quatre heures avec imagerie positive, AVC ischémique ou hémorragique. Les principaux signes focaux cliniques sont notamment la paralysie d’un hémicorps gauche ou droit ± troubles du langage, les troubles sensitifs dans le même territoire, l’amputation d’un champ visuel, le drop-attack (perte brutale de l’équilibre sans perte de connaissance), etc. On élimine : un accès de paludisme à Falciparum, une syncope, une épilepsie, une hypertension intracrânienne, etc.

L’affirmation du diagnostic fait intervenir les examens urgents suivants :

a) Scanner cérébral sans injection : confirme la nature ischémique ou hémorragique de l’AVC, en détermine la localisation, élimine les autres affections ;

 b) Mieux, imagerie par résonance magnétique (IRM) et IRM de diffusion-perfusion qui apprécient précocement la zone de souffrance cérébrale.

Les principales causes

 La recherche de la cause fait appel :

a) à la clinique : recherche de souffles au cœur et sur les trajets artériels, mesure de la tension artérielle, recherche d’arythmies, etc. ;

 b) au trépied électrocardiogramme-radiographie-échographie du cœur et des vaisseaux ;

 c) au scanner et à l’IRM ;

d) à la biologie recherchant surtout les facteurs de risque de l’athérosclérose et les troubles de la coagulation. Les principales causes de l’AVC à retenir sont : l’HTA, l’athérosclérose occlusive des vaisseaux de l’encéphale, les cardiopathies emboligènes (rétrécissement mitral, gros cœur pathologique, fibrillation atriale, etc.).

Quelle prise en charge pour l’AVC ?

Plusieurs modalités se succèdent :

 1°) Prise en charge pré-hospitalière : a) S’assurer de l’absence d’une menace vitale immédiate ;

 b) Évaluer le niveau de vigilance et l’importance du déficit ;

c) Préciser le début des troubles neurologiques, ainsi que les traitements antérieurs et actuels ;

d) Mesurer la pression artérielle en décubitus ;

 e) N’entreprendre aucun traitement mais organiser le transfert immédiat vers une unité de soins intensifs neurovasculaires (USINV).

2°) Prise en charge hospitalière par l’USINV :

 a) Suivi et contrôle des paramètres vitaux ;

b) Selon les situations : traitement anti-ischémique, thrombolyse (rt-PA), actes interventionnels ou chirurgie (craniectomie).

3°) Kinésithérapie motrice et soins divers le plus tôt possible.

Prise en charge au long cours. Elle concerne les 20 à 25% de patients qui survivent. Il faut, en effet, savoir que 80 % des malades meurent de leur AVC ou de ses complications (embolie pulmonaire, infections sévères, maladies cardiaques graves). Le suivi post-hospitalier comporte principalement la kinésithérapie motrice, la cure des affections causales et la lutte contre les facteurs de risque artériels (HTA, alcoolisme, dyslipidémie, diabète sucré, obésité, sédentarité, etc.).

Que retenir ?

L’AVC est une affection répandue et responsable d’une mortalité élevée. On distingue les AVC ischémiques et les AVC hémorragiques. Les causes dominantes en sont l’HTA et l’athérosclérose des artères carotidiennes et cérébrales. Grâce à l’imagerie (Scanner et IRM), le diagnostic est vite établi. La prise en charge efficace est avant tout liée au délai de prise en charge en Unité de soins intensifs neurovasculaires qui doit être le plus court possible. Au final, la vraie lutte contre les AVC consiste avant tout à prévenir les facteurs de risque artériels.

                                                                           

   

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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