Couleurs de chez nous. Recette

Jeudi 28 Mars 2019 - 19:50

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C’est la somme encaissée à la fin d’un exercice qui peut être journalier, hebdomadaire, mensuel ou annuel. Pour les experts, l’évaluation d’une recette participe d’un calcul lorsque les données sont tangibles. Le cas des pains, des boîtes de conserve, de beignets, de manioc dont la recette est évaluée en rapport avec le nombre.

De façon générale, le transport urbain obéit également à cette logique. En effet, quand il est organisé, les passagers sont contraints de payer le trajet effectué moyennant un ticket qui fait foi de justificatif ou de pièce comptable. Autrement, le nombre de tickets vendus permet de calculer la recette.

Or, chez nous, au Congo, le transport urbain, surtout, n’est pas assez organisé. De ce point de vue. Ici, les passagers montent et payent directement au contrôleur sans qu’il ne leur soit remis en contrepartie un ticket. Ce qui fait que l’évaluation de la recette du jour reste subjective. En réalité, par une étude empirique, les exploitants du transport urbain ont réussi à fixer des montants donnés pour chaque type d’autobus, de voiture ou de camion. Cette évaluation prend aussi en compte la qualité du carburant que consomme le véhicule : essence, super, diesel, etc. 

Pour ce qui est des taxis, il en est qui verse 15 000 francs CFA à la fin de la journée alors que d’autres versent entre 18 000 francs CFA et 22 000 francs CFA par jour au propriétaire. Mêmes exigences chez les autobus dont les sommes à verser au titre de la recette fluctuent. Tel est le tableau général.

Les non-dits de cette politique se retrouvent sur le terrain à travers les comportements multiples que développent les transporteurs. Au centre de ces comportements : la manipulation des passagers sur fond de caprices. Itinéraires farfelus, phénomène dit de demi-terrains (petites distances), différence entre celui qui monte à la cabine et celui qui va à l’arrière, mélange de passagers chez les taximen, coûts élevés de la course pour les taxis climatisés, etc.

Bien plus, cette politique nourrit des querelles entre le conducteur et le contrôleur ou entre ces deux, quand ils s’entendent bien, et le propriétaire qui, souvent, ne comprend rien à la recette qu’on lui présente.

Pourquoi ? Parce que le manque de transparence, donc de tickets, conduit le contrôleur à jouer avec l’argent encaissé. Il le détourne et en fait un usage qui lui profite. Si bien que nombre de propriétaires de véhicules faisant taxi ou le transport en commun ont fini par les revendre ou les retirer du circuit pour les engager dans une autre activité.

C’est grâce à cette liberté dans la mobilisation de la recette que certains employés ont fini par devenir des propriétaires de taxis ou d’autobus sans qu’en amont ou à la base, ils n’aient fourni des efforts. Un peu de ruse doublée de courage et de patience leur a fait changer de statut passant d’employé à employeur pendant que certains propriétaires sombrent dans la faillite.

Morale : le transport en commun chez nous fonctionne à l’image de la bourse. Trop d’aléas qui ne garantissent pas la recette : une pluie, un malaise de contrôleur, un contrôle de la police, etc.

Van Francis Ntaloubi

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