Médecine pour tous. Syncope de l’adulte

Jeudi 18 Avril 2019 - 15:05

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La syncope est une perte de connaissance complète et brève, s’accompagnant d’une résolution du tonus musculaire avec chute, suivie d’un retour rapide spontané à une conscience normale. Elle est due à une baisse globale du débit sanguin cérébral.

Comment affirmer une syncope ?

En recourant principalement à l’interrogatoire du patient. Il permet d’en dégager les caractères et d’exclure ce qui n’est pas une syncope.

A) Caractérisation de la syncope : scène clinique sans aura (=manifestation annonciatrice bruyante tel un cri), avec perte de connaissance brutale et brève (moins de cinq minutes), pâleur, chute, affaiblissement ou disparition du pouls artériel, récupération spontanée, sans morsure de la langue et sans libération des sphincters (défécation, perte d’urine).

B) Exclusion de ce qui n’est pas une syncope :

a) Epilepsie : précédée d’une aura, avec mouvements anormaux prolongés, confusion postcritique durable, morsure de la langue ;

b) Forme d’accident ischémique transitoire (AIT) provoquée par les mouvements de la tête ;

c) hypoglycémie ;

d) Intoxication oxycarbonée avec perte de connaissance. Cependant, en dépit de sa primauté, la clinique a souvent besoin de l’apport des explorations complémentaires, biologiques et instrumentales, pour identifier la cause de la syncope.

Mécanismes et causes de la syncope 

 La syncope résulte d’un dysfonctionnement cérébral dû à un déficit sanguin subit et transitoire en oxygène et en glucose. Le mécanisme dominant est l’ischémie cérébrale dont on connaît les multiples étiologies. Les causes des syncopes peuvent être réparties en trois groupes :

1. La syncope réflexe :

1.1 Syncope vaso-vagale : la plus fréquente des syncopes, prédominante chez des sujets jeunes, souvent précédée par des symptômes divers (malaise, fatigue, sueurs, gêne respiratoire, etc.) et favorisée par certaines circonstances (station debout prolongée, chaleur, réplétion gastrique). Elle est accompagnée d’une baisse tensionnelle avec ralentissement du pouls. Son mécanisme est imprécis, attribué à une stimulation inappropriée du système nerveux autonome.

 1.2 Hypotension orthostatique : syncope survenant également à la suite d’un dysfonctionnement du système nerveux autonome. Elle est mise en évidence par le test d’inclinaison (tilt test).

1.3 Syncope situationnelle : elle se produit au cours d’un acte physiologique (toux, déglutition, miction, défécation) ou d’une douleur violente.

2. La syncope cardiaque

 Elle est moins fréquente mais plus sérieuse du fait de son évolution vers des situations graves. Ses causes sont :

2.1 Les arythmies : ralentissement, arrêt ou accélération importante du rythme cardiaque.

2.2 Les maladies cardiovasculaires : obstacles à l’éjection ventriculaire (rétrécissement orificiel, maladie du muscle cardiaque, tumeur), embolie pulmonaire, etc.

3. La syncope iatrogène. Elle est due aux effets indésirables des médicaments : antihypertenseurs, anti-arythmiques, etc.

Traitement de la syncope 

 1) Syncope de cause organique. Elle doit être prise en charge par les services spécialisés, notamment la cardiologie.

2) Syncope réflexe. Elle requiert quelques précautions : éviter les facteurs déclenchants, reconnaître les symptômes annonciateurs, apprendre les manœuvres pour interrompre la crise (position couchée, lutte contre la toux, etc.) ;

3) Syncope de l’hypotension orthostatique. Elle, également, requiert des précautions : lever progressif, adaptation du traitement en cours, port de bas de contention. La midodrine ou GutronÒ, prescrite par le médecin, est parfois efficace.

Conclusion. La syncope est un symptôme qui doit toujours être pris au sérieux. En raison de son mécanisme, de la multiplicité de ses causes et du risque de confusion avec d’autres affections, il est recommandé de consulter soit un cardiologue, soit un neurologue. Ces spécialistes sauront également les stratégies à adopter ultérieurement.

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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