Assassinat du Dr Richard Mouzoko : la société civile décrète une journée ville morte à Butembo

Lundi 22 Avril 2019 - 14:30

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L'arrêt de travail observé le 22 avril vise à honorer la mémoire des experts médicaux et acteurs sociaux tués, blessés ou menacés dans le cadre des activités de lutte contre la maladie à virus Ebola qui endeuille des familles depuis août dernier, dans la province du Nord-Kivu.

Depuis quelques mois maintenant, les équipes engagées dans la riposte contre la maladie à virus Ebola font face à des attaques armées et des résistances à Butembo et Lubero. La dernière en date est l’assassinat de l’épidémiologiste camerounais déployé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Richard Mouzoko Kibound, décédé lors d’une attaque des cliniques de l’Université catholique de Graben (UCG).

Les coordinations de la société civile de Butembo et Lubero se disent profondément choquées et attristées par ces attaques et résistances récurrentes contre les équipes et les installations de riposte. « Nous sommes profondément choqués et attristés par le malheur inopiné qui a frappé l’Organisation mondiale de la santé en particulier, et les organisations impliquées dans la riposte contre l’épidémie à virus Ebola en général suite au meurtre du Dr Richard  Mouzoko Kiboung, de nationalité camerounaise. Exprimons nos sincères condoléances à sa famille biologique, à l’Organisation mondiale de la santé, à l’Etat camerounais et à toutes les ONG impliquées dans la riposte contre la maladie à virus Ebola; condamnons avec force les menaces, les attaques et les violations répétitives perpétrées à l’encontre des équipes de la riposte contre la maladie à virus Ebola et dont les dernières barbaries enregistrées au cours de la journée du 19 avril 2019 viennent d’occasionner la mort d’un expert professionnel de la santé », ont-elles déclaré.

Les meurtres et attaques dont sont victimes des équipes de riposte portent un coup dur aux interventions de terrain. Ce qui accentue la propagation de la maladie. Une situation déplorée par les forces vives de Butembo et Lubero. 

En effet, jusqu'au 20 avril, l’on dénombrait quatre attaques armées contre trois centres de traitements d’Ebola dont deux à Butembo (Itavet Katwa) et un à Lubero (Nziapanda-Manguredjipa), ainsi que des attaques contre les cliniques (UCG et Katwa).  

Les politiques pointés du doigt

Les coordinations de la société civile de Lubero et Butembo dénoncent l’attitude de certains acteurs politiques, notamment des parlementaires qui propageraient de fausses informations auprès de la population sur la maladie à virus Ebola. C’est ainsi qu’elles leur recommandent, dans un communiqué rendu public, « d’arrêter de se servir du malheur de leurs compatriotes comme couverture politique, de demander obligatoirement pardon à la population victime de leurs agissements », ont-elles indiqué, poursuivant: « Exigeons aux autorités morales de leurs familles politiques de les sanctionner conformément à leurs textes réglementaires, et invitons sans délai les autorités judiciaires à ouvrir des poursuites à charge des auteurs de toutes ces animalités (…), conformément aux textes relatifs aux crimes contre l’humanité ».

Aux habitants, la société civile leur recommande de« s’abstenir de la violence à l’endroit du personnel soignant et des acteurs sociaux impliqués dans la riposte, de suivre scrupuleusement les orientations fournies par les professionnels de la santé, de respecter les règles d’hygiène et de cesser de répandre des fausses rumeurs ».

 Messe d’action de grâce en mémoire du Dr Richard Mouzoko  

Une messe d’action de grâce a été organisée, le 20 avril, à l’auberge de Butembo en mémoire de l’épidémiologiste camerounais. Cette messe a été dite par l’aumônier des Cliniques universitaires de l’UCG, l’abbé Christian Tandari, qui a révélé que si Dieu a rappelé à lui le Dr Richard Mouzoko le jour du vendredi saint, c’est pour montrer qu'il était bon dans le Christ et à l’instar du Christ comme médecin, il a donné sa vie pour ses frères, les hommes. Le corps du défunt est arrivé à Goma à partir duquel il sera rapatrié pour son pays d’origine.

Le Dr Aruna, coordonnateur national de la riposte, a, au nom du ministre de la Santé, regretté cet acte et invité les membres de la riposte nationaux et internationaux à ne pas céder au découragement, mais plutôt à poursuivre leurs efforts jusqu’à la fin de cette épidémie afin d’honorer la mémoire de leur collègue disparu. 

Blandine Lusimana

Légendes et crédits photo : 

Un centre de traitement Ebola

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