Lire ou relire: "Une vie de brimades en terre promise" » de Monique Ondze AbouenSamedi 15 Septembre 2018 - 12:00 Née en 1986 au Cameroun, l'auteure est commerçante. Son ouvrage publié à l'Harmattan-Congo est son tout premier roman. Elle y relate les écueils auxquels est confrontée la jeune fille actuelle dans la plupart des villes africaines. "Une vie de brimades en terre promise" est un roman à forte coloration autobiographique qui décrit, sur un ton pathétique, les événements malheureux, lugubres qui caractérisent la vie de Nadège Wallaby, une jeune fille de 6 ans issue d’une famille nombreuse. Née de Rock Wallaby, un père polygame et de Louisa, Nadège vient au monde quand son géniteur a déjà un pied dans la tombe. Homme riche dans sa jeunesse et possédant beaucoup de biens matériels, Nadège ne connaîtra de lui que la souffrance, la maladie. Très vite, elle devient sa nourrice. En sentant la mort venir, Nadège sera confiée par son père auprès d’Aïcha sa première fille. Partie de la Couramen, son pays natal, la voilà désormais à Gonoc Avillazerbaz où elle connaîtra toutes les misères du monde. Tout lui est presque hostile, de sa « sœur-mère » à son professeur de mathématiques qui abuse d’elle, des amants aux agents de l’ordre, en passant par les rues. Toute son enfance n’est que peine et misère, pp.97-186. Nadège a su résister à toutes les souffrances qu’elle a endurées. Celles-ci ont eu au contraire une influence positive dans sa vie. Elles lui ont servi de fumier, faisant d’elle un modèle de la société. Après une chute, elle se lève toujours, en prenant son bâton de pèlerine. Tout le sens des victoires de Nadège face aux multiples épreuves de sa vie de femme se trouve à la page 139. La narratrice peint une héroïne traditionnelle qui par ses différentes mésaventures donne au lecteur de découvrir les réalités urbaines des pays de l'Afrique subsaharienne comme le Cameroun et le Congo présentés sous des formes anagrammatiques, Couramen, Gonoc Avillazerbaz, etc. Figure incarnant les valeurs morales, ce qui est d’ailleurs étonnant puisqu’elle n’a reçu aucune éducation de qualité auprès de ses tuteurs, Nadège choisit une démarche plus normative. Plusieurs passages allant dans ce sens jalonnent l’œuvre avec des formules «le bon sens veut…», «la sagesse populaire veut…»; toutes ces occurrences sont l’expression de la rectitude, de la droiture de l'héroïne Nadège. Son refus catégorique devant les occasions en or corrobore à sa fermeté face aux vices. Ce qui va lui valoir de brûlants reproches de la part de ses collègues, l’obligeant d’être une fille aux mœurs légères. Devenue mère de deux enfants, Nadège Wallaby connaîtra des lendemains meilleurs. Avec son mari, ils actionneront dans le domaine social en offrant plus d’hospitalité aux démunis. Ouvrage à forte connotation pédagogique, ce roman, de par son réalisme vraisemblable, devrait être proposé aux responsables de l’Inrap et retenu pour certaines classes du lycée. L’auteure relate des faits majeurs qui sont d’actualité dans certaines localités de la sous-région, le viol sur les mineurs, les harcèlements dont sont victimes les filles en milieux scolaire et professionnel, le trafic d'influence, le mensonge, la prostitution, etc. L’élève qui parcourt aujourd’hui ce roman est, en quelque sorte, armé et préparé psychologiquement, en s'identifiant à l'héroïne, pour affronter et surmonter ces travers qui gangrènent nos villes. Aubin Banzouzi Légendes et crédits photo :illustration Notification:Non |