8 mars : Inès Nefer Ingani plaide pour « l’instauration des cellules de suivi psychologique »

Samedi 7 Mars 2015 - 7:45

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Célébrée le 8 mars de chaque année, la Journée internationale de la femme mettra l’accent sur l’autonomisation de la femme. Les femmes du monde s’emparent de cette journée pour évaluer les actions perspectives pour le leadership, l’égalité, la justice, la paix et le développement. Inès Nefer Ingani, femme politique engagée au sein de l’association Actions innovatrices pour la paix et le développement culturel (PAIDC) a relevé, au cours d’une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, l’importance de la prise en main de l’éducation de la femme.

L’autonomisation des femmes est-elle réellement le gage du développement et de l’intégration ?

Inès Nefer Ingani : La femme doit s’autogérer, prendre ses responsabilités pour ne pas être dépendante des hommes. La femme doit s’épanouir et ainsi jouer pleinement son rôle dans le développement du pays. Il faut reconnaître que la femme a des capacités naturelles. Elle a plus d’honnêteté que l’homme et moins égoïste que lui. Le problème c’est que les hommes ne permettent pas aux femmes de s’exprimer. Si on ne prend pas en compte les 52% de la population congolaise que nous sommes, le pays ne va pas évoluer. Il faut donc former les femmes et les protéger socialement parce qu’il y a beaucoup d’hommes aujourd’hui qui pensent toujours que la femme ne doit pas être au devant de la scène. Il est important d’utiliser ce potentiel humain pour contribuer au développement du pays.

Ne pensez-vous pas que la femme doit elle-même se faire violence ?

Cela va de soi ! Tout le monde n’a pas la même énergie. Il y a des femmes qui sont naturellement épanouies. Cela dépend de la vision de chacune et de son environnement. Nos maris sont souvent la cause de nos frustrations, car ils nous empêchent de travailler par simple jalousie. Mais il y a également des maris qui soutiennent leurs femmes, c’est la meilleure des choses. Le milieu dans lequel nous évoluons est vraiment important pour notre épanouissement. Oui nous devons nous faire violence parce qu’il le faut. Je pense que le moment est venu, suite aux enjeux de la mondialisation, pour que les femmes montrent leur capacité à agir. En Afrique centrale, les gouvernants ont besoin d’être accompagnés par les femmes, parce que l’opinion internationale est sensible à la voix des femmes.

Sur le plan éducatif, le taux de scolarisation des jeunes filles scolarisées au Congo est plus élevé que celui des jeunes garçons. Pensez-vous que l’éducation et l’alphabétisation sont des défis à relever pour l’indépendance de la femme ?

Le développement de notre pays est le reflet de l’éducation de base. Le défaut de nos écoles aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de cellule de suivi psychologique comme à l’époque. Il faut qu’on réinstalle ces cellules afin de mieux former l’élite de demain, en tenant compte des problèmes personnels. Il faut, dans le même temps, créer les cantines scolaires, compte tenu de la bourse familiale. On ne peut pas parler de développement, d’évolution, du genre sans promouvoir et garantir l’éducation de l’élite de demain.

Vous avez organisé récemment, à travers votre association, une marche républicaine des femmes en faveur de la paix. Que pensez-vous de ce sous-thème : « Femmes du Congo : impliquons nous dans la prévention des conflits et la sauvegarde durable de la paix ? »

La paix est un ensemble de mots qu’on essaie d’appliquer à travers un comportement. Comme on le dit souvent, le propre de la démocratie c’est le suffrage exprimé. L’opinion internationale doit multiplier les solutions en sachant que nous ne voulons pas d’incitation.

Vous êtes la chargée des sports, culture et arts au sein de l’Organisation des femmes du Congo (OFC). Quel est votre engagement pour une participation équilibrée des femmes dans les sphères de prise de décision ?

L’OFC vient de naître. Nous sommes en phase de structuration de nos organes. L’OFC est là pour favoriser l’épanouissement de la femme. Nous avons évidemment des projets que nous initions pour favoriser le leadership de la femme. Nous envisageons de faire participer la femme au développement de notre pays, notamment dans les projets sociaux comme le maraîchage. D’autres secteurs également seront mis à profit.

L’association PAIDC vient de s’affirmer sur l’échiquier national. En perspective, qu’envisagez-vous ?

Nous avons eu à formuler des doléances au président de la République. Nous attendons voir comment cela va se passer. D’un autre côté, vous savez que nous sommes engagés dans la paix. Notre association est là pour promouvoir les valeurs culturelles et républicaines, notamment la paix. Nous souhaitons que cette action s’étende dans d’autres départements du pays. Nous voulons vraiment être des messagers de la paix, unissant l’opposition, la mouvance présidentielle, le centre, la société civile et les jeunes. Nous voulons jouer ce rôle de sensibilisation parce que nous ne voulons plus que notre pays recule. Trop de sang a coulé et nous ne voulons pas d’incitation. Je pense que les problèmes existent parce qu’il y a des solutions. Il faut que nous continuions à jouer ce rôle de sensibiliser à l’importance de la paix pour espérer l’émergence et le développement de notre pays.

 

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Inès Nefer Ingani