Afrique de l'Est : le Soudan dévalue sa monnaie pour éviter des émeutes

Le Soudan a décidé de dévaluer sa monnaie de 85% pour sauver son économie et au risque du soulèvement de sa popupation. La crise économique aurait atteint des sommets. Ce pays d'Afrique de l'Est connaît une inflation de 300%, une pénurie de pain et de carburant, une produit intérieur brut (Pib) à -8,4%, nécessitant une dévaluation de la monnaie nationale.

Pour la Banque centrale, un grand fossé s'est creusé entre le cours officiel de la livre soudanaise et celui pratiqué dans la rue. Lorsque le citoyen soudanais se voit proposer 55 livres pour un dollar dans une banque, il en obtient 375, voire 400 au marché noir. 

En rendant flottant le cours officiel de la Livre, Khartoum entérine la dévaluation de sa monnaie nationale de 85% pour la rapprocher de sa valeur au marché noir. Le gouvernement espère ainsi faire revenir les devises étrangères qui fuyaient les canaux officiels, et pénalisaient ses importations. 

Stratégie : récupérer des devises

Pour reconstituer un matelas de réserve de devises d'un trimestre, un seuil de "confort", Khartoum doit encaisser au moins 5 milliards $ sur deux ans. Un objectif qui ne peut être atteint sans les aides internationales, alors que le pays n'honore plus sa dette estimée à 60 milliards $, soit 2,5 fois de son Pib annuel.

Le Soudan a mis sa devise en conformité avec la réalité économique du pays. C'est un premier pas vers l'assainissement de son économie. Il a également mis un terme aux subventions sur les carburants, récupérant des taxes. Mais, bien que réduit, le déficit budgétaire du pays est encore de 6,9% et la baisse de la dépense publique impacte fortement la population.

Anticiper sur des émeutes

Cette dévaluation va générer de l'inflation et renchérir le prix des produits importés. Le ministre des Finances, Gibril Ibrahim, appelle à "la coopération" de la population espérant sur la politique de rigueur du gouvernement  qui permettra de rassurer le Fonds monétaire international pour obtenir son soutien.

Sachant que le Soudan a été retiré de la liste des Etats américains qui soutiennent le terrorisme, donc à nouveau fréquentable. La chute d'Omar el-Béchir en avril 2019 a plutôt aggravé la situation de la population soudanaise. La tension ne cesse de monter avec son voisin, l'Ethiopie. 

Aujourd'hui, seule l'agriculture représente le tiers de la richesse du pays, donc seul moteur du développement. S'ajoute l'épidémie de Covid-19 qui a accentué la crise économique.