Afrique de l'Ouest. Une nouvelle transition s'installe au Mali

Lundi 7 Juin 2021 - 14:30

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Exclu des instances de l’Union africaine, de la sous-région d’Afrique de l’Ouest et privé du soutien des partenaires extérieurs au continent, le Mali doit donner des garanties du retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Ce lundi 7 juin, le Mali a ouvert une nouvelle page de son histoire politique avec la prestation de serment du colonel Assimi Goïta comme nouveau président de la transition. Auteur du putsch ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Kéita au mois d’août dernier, lui qui assurait récemment les fonctions de vice-président de transition a repris le pouvoir à Bah N’Daw, le titulaire du poste, écarté de ses charges, officiellement, le 24 mai.

La cérémonie d’investiture du nouveau président malien organisée au Centre international de conférences de Bamako a revêtu la solennité que la cour suprême du pays en a voulu donner. Salle comble, présence des corps constitués nationaux et internationaux, honneurs militaires dus à son rang, Assimi Goïta s’est présenté non pas en tenue de ville ou dans sa tenue de combat habituelle, mais dans l’uniforme du corps de l’armée de terre dont il est issu.

A tour de rôle, le président de la Cour suprême, le greffier en chef, le procureur général, le bâtonnier de l’ordre des Avocats, ont légitimé la mise en place d’une nouvelle transition dans leur pays invoquant la vacance de pouvoir consécutive à la démission du précédent président du régime, Bah N’Daw. En même temps, et chacun avec ses arguments, ils ont invité le colonel Goïta à œuvrer en faveur de l’unité du Mali et à ne pas s’agripper au pouvoir.

Sur la première chaîne de télévision malienne, ORTM1, les commentateurs ont, dans l’ensemble, parlé d’un « grand jour » pour leur pays, tout en soulignant une certaine « gène » devant cette succession des régimes d’exception qui ont valu au Mali d’être suspendu des institutions de la sous-région ouest- africaine, de l’Union africaine et des accords de coopération avec ses partenaires extérieurs.

A l’évidence, et comme l’a souligné le président de la Cour suprême, Wafi Cissé, les défis qui attendent le jeune président de 41 ans sont nombreux. Il en a énuméré quelques-uns : « Redonner confiance aux Maliens et à la communauté internationale, poursuivre la lutte contre le terrorisme, l’insécurité et la pandémie du covid-19, assurer l’assainissement de la gouvernance publique, et enfin organiser les élections justes et transparentes dans les délais impartis ».

Dans son discours de circonstance, Assimi Goïta, désormais président de la Transition, s’est montré emphatique d’entrée en jeu. Il a ainsi fait observer une minute de silence en hommage « aux civils et militaires, Maliens ou étrangers », emportés par la crise multiforme que connait le Mali depuis si longtemps. Il a pris l’engagement de « réduire le train de vie de l’Etat », d’allouer le tiers de ses fonds de souveraineté, soit 1 milliard 800 millions FCFA, aux structures sanitaires. Il a aussi assuré la Communauté internationale de l’organisation des élections « libres et transparentes » suivant les délais fixés par la charte de transition.  

Après toutes ces annonces qui obéissent au contexte dans lequel Assimi Goïta prend les rênes de son pays, les observateurs et ses compatriotes le jugeront à la façon dont il se mettra au travail. Le premier acte sera sans doute la mise en place de la prochaine équipe gouvernementale. Pays traversé par tant de soubresauts, le Mali est à la croisée des chemins.

Gankama N'Siah

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