Afrique : le retard du continent en infrastructures est un sérieux handicap, selon Christine Lagarde

Mardi 3 Juin 2014 - 10:25

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La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a dénoncé l’accaparement du sous-sol africain au détriment de ses populations, lors de la conférence de Maputo, organisée par l’institution et le Mozambique, sur « l’essor de l’Afrique »

Il s’agissait, lors de cette conférence, d’examiner les défis auxquels font face les économies africaines, comme la gestion des ressources naturelles, la réduction de la pauvreté. Les groupes de défense des droits de l’homme ont remis en cause la vision optimiste de l’« essor de l’Afrique ». La directrice de l’ONG Oxfam, Winnie Byanyima, considère que « l’Afrique n’est pas en essor pour les citoyens ordinaires ». Une vision désormais partagée par le FMI, qui estime que la croissance enregistrée par le continent africain ne profite pas toujours aux populations. « Dans de très nombreux pays, les revenus provenant des industries extractives sont accaparés par quelques-uns », a déclaré Christine Lagarde.

Elle a aussi déploré le retard de l’Afrique en matière d’infrastructures, qui constitue, selon elle, « un sérieux handicap ». « Seulement 16% des routes d’Afrique sont goudronnées, contre 85% en Asie du Sud. Ces lacunes représentent des coûts énormes pour les entreprises et pour les populations », a souligné Christine Lagarde, ajoutant : « Des infrastructures de haute qualité peuvent être susceptibles d’attirer les investisseurs étrangers. » Selon les estimations du FMI, l’Afrique a besoin d’investir 93 milliards de dollars par an dans les infrastructures pour soutenir sa forte croissance économique.

La directrice du FMI a également mis en garde les pays africains sur les risques concernant la dette souveraine, qui risque de « surcharger leurs économies de trop de dettes et faire dérailler l’excellente conjoncture économique de la région ». Dans un entretien accordé au quotidien britannique Financial Times, Christine Lagarde a déclaré : « Les émissions obligataires représentent un financement supplémentaire, mais elles génèrent aussi une vulnérabilité supplémentaire. »

Rien qu’en 2013, les pays africains ont levé 11 milliards de dollars sur les marchés obligataires, contre 6 milliards de dollars en 2012 et 1 milliard de dollars en 2000. Elle a indiqué que les investisseurs commençaient à exiger des taux d’intérêt plus élevés pour détenir des titres de dette de certains pays africains, signe que le marché est devenu de plus en plus prudent quant à la hausse des déficits budgétaires. L’engouement croissant des pays africains pour les émissions obligataires souveraines a augmenté le niveau de la dette publique. On estime que celui-ci sera de 35% du PIB en 2014, son niveau le plus élevé depuis dix ans.

Selon les prévisions du FMI, les déficits budgétaires du continent africain pourraient atteindre une moyenne de 3,3% du PIB en 2014 contre 2,5% en 2004. Malgré les risques de dérapages budgétaires, le FMI prévoit une accélération de la croissance en Afrique (5,4% en 2014 contre 4,9% en 2013). « Nous assistons à une transformation capitale en Afrique. Nous avons observé une croissance significative, une réduction certaine de la pauvreté et une amélioration de l’alphabétisation», a souligné Christine Lagarde.

Noël Ndong