Afrique : les transferts de fonds internationaux exacerberaient l’inflation

Mardi 3 Août 2021 - 16:56

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La « théorie » est en train de monter en puissance aujourd’hui. Présenté jadis comme une bouffée d’oxygène pour les pays en développement, le phénomène n’exercerait en fait qu’un effet limité sur les économies des pays bénéficiaires. Paradoxalement, certains experts vont plus loin en évoquant un risque majeur d’inflation dans ces pays si rien n’est fait pour encadrer efficacement l’arrivée de ces importants flux financiers internationaux.

En raison de la crise économique provoquée par la pandémie de covid-19 et les mesures de confinement, plusieurs organisations dont la Banque mondiale (BM) ont annoncé une chute de près de 20 % des envois de fonds dans le monde en 2020. La tendance baissière devrait se poursuivre au cours de cette année même si beaucoup d’études tablent sur une reprise de la croissance mondiale. Il n’empêche que le fléchissement des salaires et de l’emploi des travailleurs migrants explique ce recul quasi historique. En dépit de ce tableau sombre, nous parlons tout de même de la deuxième source de financement derrière les investissements directs étrangers en République démocratique du Congo (RDC). Il s’agit de fonds provenant des millions d’immigrants à travers le monde. Ces virements d’argent atteignent finalement plusieurs familles dans leurs pays d’origine. Si de nombreuses littératures ont parlé d’aubaine pour les pays en développement, l’expérience montre aujourd’hui des effets jusque-là ignorés ou pas suffisamment analysés.

Traditionnellement, les transferts de fonds internationaux agissent dans plusieurs domaines, notamment la consommation, les dépenses sociales et même le petit entrepreneuriat. A ce titre, ils contribuent à stimuler la croissance à travers de multiples canaux. Selon Albert Mbuyi, expert, il faut compter plusieurs domaines bénéficiaires, à savoir le pouvoir d’achat des ménages, la scolarisation des enfants, le capital humain, la santé, etc. Cependant, il y a le revers de la médaille. L’arrivée d’argent non contrôlé entraîne des ressources additionnelles pour les ménages qui viennent les injecter sur le marché à travers les différents canaux évoqués antérieurement. Or, la simple augmentation de la demande sans une offre conséquente ne peut que contribuer à la montée de l’inflation. Et en RDC, le phénomène contribue à rendre plus complexes les efforts de « dédollarisation » et de stabilisation du marché de change.

Outre une meilleure emprise de l’État sur les flux internationaux entrants et même sortants, Albert Mbuyi propose d’autres solutions. Bien entendu, il exclut d’envisager toute neutralisation de ces transferts de fonds en raison de leur impact social majeur. Néanmoins, il faut des mécanismes visant à les affecter vers des destinations plus productives afin d’en tirer un maximum de bénéfices tant au niveau de la croissance que de la réduction de la pauvreté. Ensuite, il propose aussi la mise en œuvre des politiques appropriées visant à promouvoir le capital humain, les infrastructures éducatives et la formation dans le pays.

Laurent Essolomwa

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