Afrique-UE : le plan de Macron pour le financement du développement en Afrique

Jeudi 23 Décembre 2021 - 14:33

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Les  experts de l'aide étrangère de l'Union européenne (UE) auront attendu trois longues années que le président français se prononce sur la banque de développement qui devrait diriger les travaux du bloc en Afrique.

Lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, Emmanuel Macron a expliqué comment l'UE devrait aborder la dernière « alliance » économique qu'elle souhaite lancer avec l'Union africaine (UA), lors d'un sommet des 17 et 18 Février à Bruxelles. Depuis au moins 2018, deux institutions européennes, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction (BERD) se disputent la suprématie, lorsque les deux locomotives de l’UE, la France et l'Allemagne, ont chargé un groupe de sages d'examiner les rôles respectifs des banques. A l'issue d'une réunion des dirigeants nationaux de l'UE, le 16 décembre, le président français a fait savoir qu' « à court terme », il était favorable à la solution « Statu quo » des États membres de l'UE, convenue en juin, pour améliorer la coordination entre la BERD à propriété mixte et pleinement l'UE, détenue par la BEI, plutôt que de convertir l'une ou l'autre en une nouvelle banque de développement de l'UE.

Les trois points essentiels du plan Macron

Pour Emmanuel Macron, l'amélioration de l'arrangement actuel était la plus « efficace » et se lancer dans une « transformation faisait perdre du temps ». S'agissant du financement européen du développement en Afrique, le plus important était « l'ambition et les montants », a déclaré le présdent français, qui a dynamisé l’aide publique au développement de la France et a tenu des réunions sur le financement des économies africaines ainsi que de la jeunesse et des entreprises sur l’Afrique. Il a aussi évoqué ses priorités avant le 6e sommet UA-UE, des 17 au 18 février, au cours de la présidence tournante semestrielle du Conseil de l’UE, présidée par la France dès janvier.

En premier lieu, Emmanuel Macron pense que l'Europe doit donner à l'Afrique une plus grande capacité d'investissement par elle-même, via la réaffectation des Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI), « et/ou la vente de réserves d'or » par les pays. Rappelant que les cent milliards de dollars de DTS réaffectés par les pays du G20 couvriront environ un tiers des besoins de financement projetés des économies africaines entre 2020 et 2025, il a déclaré : « Nous devons aller plus loin. Et donc nous, Européens, devons travailler avec la Banque mondiale et le FMI pour faire plus ».

En deuxième lieu, les institutions européennes de financement du développement devaient travailler davantage et mieux avec les banques régionales africaines. Pour le président français, cela « rendrait notre propre financement plus efficace et permettrait aux Africains d'être impliqués dans leur gouvernance ». Ajoutant : « Ce qui est attendu en termes de gouvernance économique et financière par les Africains, c'est de devenir de plus grands acteurs […]. Dans les programmes de la BERD et de la BEI aujourd'hui… on va avant tout proposer qu'il y ait des partenariats et qu'on aide davantage les Africains à mener leurs propres projets ».

Enfin, « La question qui est posée par le président [du Sénégal] , Macky Sall, et plusieurs autres est la capacité de l'Afrique à lever des fonds sur les marchés - donc pour utiliser les mécanismes du FMI, de la Banque mondiale et aux Européens, d'avoir des mécanismes couvrant les premières pertes, plutôt que des mécanismes imaginés à Washington ou à Bruxelles ou dans nos capitales, couvrant des programmes entiers. Et c'est l'un des points sur lesquels nous allons avancer par rapport à ce sommet ».

Les projets de documents consultés  montrent que le programme d'investissement du sommet Afrique-UE de février 2022 dépendra fortement des garanties budgétaires de l'UE, offertes par la Commission, notamment, aux banques de développement nationales et multilatérales européennes et conçues pour sauvegarder les investissements de ces banques dans des secteurs à risque, secteurs à fort impact.

Quelques réactions au plan Macron

La directrice de l’Association européenne des institutions financières de développement, Laure Blanchard-Brunac, s’est réjouie que la mobilisation de l'investissement privé en Afrique soit désormais définie comme une priorité politique « prioritaire partagée » par le l'UE et ses partenaires africains. « Les nouveaux instruments de garantie et de première perte de l'UE contribueront à stimuler ces activités et, à terme, à mobiliser également les propres ressources d'investissement de l'Afrique », a-t-elle déclaré.

Pour Thomas Wieser, du groupe des sages, il était « évidemment nécessaire » pour les banques européennes de travailler beaucoup plus avec la Banque africaine de développement et d'autres institutions africaines, d'autant plus que la Banque mondiale a été « pitoyablement lente sur le programme de verdissement ». Pour le groupe Wieser de 2019, « le maintien du statu quo n'est pas une option acceptable pour l'avenir ». Aujourd’hui il appelle aux réalismes « même si cela signifie que les résultats du développement ne seront pas comme ils pourraient être ». Il regrette « le manque de sommes supplémentaires importantes sur le budget de l'UE,  afin de fournir plus d'assistance technique et d'offrir des prêts aux conditions de l'IDA uniquement. Avec les volumes actuels, cela ne fonctionnera pas ».

Noël Ndong

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