Agriculture: l’Italie divisée sur les mesures contre la maladie des oliviers

Lundi 21 Décembre 2015 - 9:45

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Une bactérie tueuse avance silencieusement dans le pourtour méditerranéen où elle attaque les oliviers mettant à mal une économie vitale.

Depuis des millénaires, l’olivier est la plante des pays qui bordent la Méditerranée. C’est d’ailleurs de tels pays, la Tunisie et l’Egypte côté africain, l’Italie et l’Espagne sur les rives européennes qui sont parmi les grands producteurs d’huile d’olive au monde dont la consommation en Afrique sub-saharienne commence à s’affirmer. Importée du Liban ou de Turquie, du Maroc ou d’Algérie, l’huile d’olive a fait une entrée fracassante dans la cuisine des Congolais, portée par les vertus supposées de la fameuse diète méditerranéenne qui assurerait bien-être et longévité.

Mais voilà : l’olivier, la plante qui donne les olives dont sont friands adultes et enfants sous ces latitudes et d’où est tirée la précieuse huile verte, est frappée par un mal qui se répand à grande vitesse. Un mal qui dessèche les plants et ne laissent aucune chance de récupération du plant. Les scientifiques sont entrés en laboratoire ; ils ont découvert que le responsable de cette maladie hautement contagieuse (mais sans danger pour l’homme) est la bactérie Xylella.

Comment la tuer ? En abattant la plante ! En Italie, politiques et agronomes ont poussé vers l’élimination des arbres touchés assurant qu’ensuite des plants sains allaient se reconstituer. A condition, précisaient-ils toutefois, que l’abattage concerne aussi bien les arbres malades que les arbres sains autour d’eux car potentiellement contaminés.

Plusieurs mois après l’application de ces mesures, les producteurs d’olive – les oléiculteurs – doivent déchanter : la maladie ne recule pas ; elle gagne même en force sans parade. Jusqu’à 3000 plantes ont été abattues par les agriculteurs dans la région des Pouilles (capitale, Naples), en vain. En colère, ils ont décidé de porter plainte et de trainer en justice y compris le représentant du gouvernement à cette question, Giuseppe Silletti, ou des membres de l’institut italien de la santé des plantes.

La justice leur donne déjà en partie raison car, argumente un groupe de procureurs, « à partir du moment où le phénomène de dessèchement des oliviers est apparu, alors que la cause n'était pas identifiée, une série d'expériences ont été effectuées, y compris avec des produits très dangereux et interdits, nuisant sérieusement à l'environnement », ajoutant donc un mal au mal.

L’affaire est à suivre. Mais elle rappelle d’autres catastrophes phytosanitaires qui se sont abattues dans le monde paysan : le phylloxera pour les producteurs de raisin en Europe, ou encore le pourridié du manioc – le fameux « apolo » - pour les paysans d’Afrique centrale. Sans parler de la grave maladie, toujours actuelle et jamais abordée avec décision pour la contrer, qui frappe le bananier depuis la nuit des temps.

Lucien Mpama

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