Assassinat de Floribert Chebeya : des zones d’ombre persistent

Samedi 22 Août 2015 - 15:45

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Qui a tué Floribert ? Comment a-t-il été tué et pourquoi ? Des interrogations qui restent entières alors que le procès en appel des assassins présumés de cet activiste des droits humains se poursuit.  

Le feuilleton judiciaire relatif à l’affaire Chebeya continue. Le procès en appel des assassins présumés de l’activiste des droits humains ne cesse de rebondir avec, en toile de fond, de nouveaux questionnements et de nouvelles pistes à scruter. Après le réquisitoire de la semaine dernière, l’heure est à présent aux plaidoiries de la défense. L’occasion pour les avocats de cinq policiers accusés de se mettre en vedette pour tenter de déculpabiliser leurs clients respectifs. Dans la foulée, l’on retiendra particulièrement la prestation des avocats de Daniel Mukalay, principal accusé et ex-numéro deux des services de sécurité. Accusé d’être sérieusement impliqué dans la mort de l’activiste des droits de l’homme, Daniel Mukalay peut croire à un éventuel retournement de la situation tendant à relativiser son inculpation.

Ses avocats ont, en effet, bataillé dur pour tenter de convaincre la Cour sur le fait qu’à ce stade, aucune preuve n’attestait l’assassinat de Floribert Chebeya. Le rapport d’expertise médicale qui exclut à hauteur de 85% une intervention humaine dans la survenance du décès du coordonnateur de la Voix des sans-voix (VSV) est brandi par les avocats de Daniel Mukalay comme un élément susceptible d’innocenter leur client. « Floribert Chebeya serait mort d’une crise cardiaque après avoir subi des violences corporelles », avait conclu à son temps un rapport de l’autopsie effectué par les médecins légistes néerlandais et congolais dix jours après la découverte du corps de la victime. Pour les avocats de Daniel Mukalay, le fait que les médecins ne sont pas parvenus à déterminer de façon tranchée la cause du décès, relativise par le fait même tout ce qui a été dit à ce sujet. « Tout le reste relève de la spéculation », ont argué les avocats tout en mettant en relief le flou qui entoure ce décès avec des zones d’ombre jamais élucidées.

De l’identité d’éventuels assassins au lieu du crime en passant par le scenario de l’assassinat, que d’interrogations taraudent l’esprit tant des observateurs que des juges qui, d’après les avocats de Daniel Mukalay, éprouvent du mal à définir avec précision les chefs d'inculpation à retenir. L’accusé avait-il planifié l’assassinat de Floribert Chebeya ? En tout cas, pour ses avocats, il n’avait aucun intérêt à le faire. Son seul rôle, dans cette affaire, était celui d'organiser une rencontre entre Floribert Chebeya et le chef de la police de l'époque, John Numbi, avaient indiqué ses avocats.

Bien plus, ils ont réfuté le grief d’association des malfaiteurs à charge de leur client indiquant qu’aucun élément ne prouve que la fréquence des rapports entre les prévenus avait pour but d'organiser un crime. Pour eux, Daniel Mukalay est innocent, faute de preuves suffisantes. En foi de quoi, ils plaident pour son acquittement pur et simple. Tout en espérant que dans son verdict la Cour tiendra compte du rapport de l’autopsie « même si les juges doivent se prononcer conformément à leur intime conviction », Me Bokata et compagnie ont la conviction que leur client n’était pas la main exécutrice du complot d’assassinat de Floribert Chebeya.

Pour rappel, le corps sans vie du coordonnateur de la VSV avait été découvert dans la périphérie ouest de Kinshasa début juin 2010 alors qu’il s’était rendu la veille à un rendez-vous à l’inspection générale de la police. Fidèle Bazana, son chauffeur, a été déclaré mort par les juges, son corps n’a jamais été retrouvé.

Alain Diasso

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