Assemblée nationale : la commission de reddition des comptes sur la sellette

Jeudi 26 Juin 2014 - 16:45

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Un groupe des députés, tant de l’opposition que de la majorité, demandent des comptes sur la gestion des fonds alloués à la chambre basse du Parlement. Ils entendent inscrire cette matière en ordre utile à la session de septembre.

La session ordinaire de mars à l’Assemblée nationale s’est achevée sans que les députés nationaux n’aient pu débattre du rapport de la commission ad hoc chargée de passer au crible la gestion des comptes et ressources de cette institution parlementaire. Il nous revient que c’est sur proposition des députés eux-mêmes qui, à l’issue d’une réunion à huis clos tenue juste après la clôture de la session de mars, auraient émis le vœu de se donner du temps pour examiner à fond le rapport de la commission spéciale chargée de statuer sur la question. Le report obtenu, il est un fait que cette matière sera inscrite en ordre utile lors de la prochaine session parlementaire avec, pour seule obsession, de crever l’abcès. Au niveau du bureau de l’institution, on ne s’en émeut outre mesure. La quiétude est de mise. En fait, Aubin Minaku, qui reste parmi les rares présidents de la chambre basse à instaurer l’audit régulier de la gestion des finances de son institution par devoir de redevabilité, se veut un modèle de transparence parce que n’ayant rien à cacher. « Tous les documents comptables dont les membres de la commission ad hoc ont eu besoin leur ont été fournis sans tergiversation », commente une source proche du bureau.

Toutefois, ces bonnes dispositions d’esprit dont fait montre le bureau sont loin de convaincre un groupe des députés nationaux de la majorité et de l’opposition. Pour eux, le président Aubin Minaku aurait mis les membres de la fameuse commission spéciale chargée de la reddition des comptes dans des conditions telles que leur indépendance d’esprit s’est trouvée noyautée. Des indiscrétions recueillies dans les couloirs du Palais du peuple laissent entendre que les membres de ladite commission seraient grassement rémunérés par le bureau afin de conditionner leur travail. Il est fait état de 18.000 dollars qu’aurait perçus chacun individuellement, à en croire Congonews, un quotidien paraissant à Kinshasa. Ce groupe des députés trouve, par ailleurs, louche le fait pour le bureau de maintenir toujours les mêmes personnes  (quatorze au total) dans ladite commission spéciale devenue une sorte de chasse gardée. Une motion serait même en gestation contre le président de l’Assemblée nationale à l’initiative de ce groupe des députés comportant, entre autres recommandations, la recomposition de la commission de reddition des comptes et la distribution des copies du rapport aux députés quarante-huit heures avant le débat conformément aux dispositions du règlement intérieur régissant le fonctionnement de l’institution.

Tout est donc fait dans le sens d’inscrire cette matière de reddition des comptes à la session de septembre. En filigrane, la plénière entend savoir comment sont gérés les fonds du trésor alloués à l’Assemblée nationale à titre de frais de fonctionnement annuels. Plus ou moins 40 millions de dollars, à en croire certaines sources parlementaires, seraient annuellement gérés par le bureau plus que jamais obligé de rendre compte.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Aubin Minaku, président de l'Assemblée nationale