Assurances : la perte du monopole accélérera la cessation des activités de la Sonas

Mercredi 25 Décembre 2013 - 12:22

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Les experts réunis en atelier technique en début de semaine ont levé l’équivoque sur l’incidence possible de l’ouverture tant redoutée du secteur aux assureurs privés car, selon eux, la société commerciale s’achemine tout droit vers un arrêt de son fonctionnement, même sans la réforme en cours.

Organisée par le Copirep, cette séance de travail a permis d’enrichir son diagnostic, et même de l’améliorer grâce à des contributions pertinentes des parties prenantes. L'atelier devait ainsi arriver à dégager un large consensus sur les options futures capables d'aider le gouvernement dans sa détermination à sauver la société commerciale. A travers cette rencontre, le Copirep a obtenu les avis et considérations des parties prenantes, dont la Sonas elle-même représentée par la direction générale et ses plus hauts cadres.

En effet, cette dernière a fourni les données et états financiers certifiés de 2011 qui ont permis de réaliser cette étude. Au-delà, plusieurs parlementaires, dont le président de la commission économique et financière de l’Assemblée nationale, ont pris une part active à ces travaux. La dernière étape avant la promulgation par le président de la République est le vote attendu de la Loi au Sénat après l’Assemblée nationale. Dans les exposés très riches, la Sonas créée en 1966, soit 47 ans d’existence, est malgré tout présenté comme un projet inachevé tant de nombreux défis à relever n’ont pu être menés à leur terme. Son plus gros goulot d’étranglement est son personnel pléthorique : 2165 agents. 40% du personnel remplissent aujourd’hui toutes les conditions pour aller à la retraite. Mais attention, ont prévenu les syndicalistes de la Sonas présents à ces travaux en atelier, aucun plan social ne peut être mis en place sans l’apurement des arriérés. Mieux, ils exigent la mise en œuvre d’une politique de départ volontaire comme à la Regideso. La masse salariale représente 70% du budget de la société, contre une moyenne de 28% dans le secteur.

Certes, le chiffre d’affaires est passé de 34 millions de dollars américain en 2007 à 79 millions en 2011. Mais cette ascension ne repose, pour l’essentiel, que sur l’assurance auto. Les autres produits contribuent faiblement aux résultats de l’entreprise, notamment les produits financiers et son important patrimoine établi à 153 immeubles. La société commerciale éprouve aussi une difficulté à recouvrir ses recettes. En effet, il n’existe pas de fichier central pour permettre un suivi rigoureux des clients, essentiellement des particuliers. Avec le paiement par fractionnement des assurances auto, ceux-ci versent un acompte puis disparaissent, et fréquentent d’autres agences sans laisser de traces. La direction générale a fait état aussi des courtiers indélicats qui travaillent contre les intérêts de la Sonas, en proposant aux clients de souscrire une assurance dans un pays tiers, en violation de la loi congolaise qui la rend obligatoire sur son sol.

Dans l’ensemble, les maisons indépendantes de courtage agréées par la Sonas contribuent à hauteur de 10% aux résultats de la société. De cette réforme classée dans le volet non bancaire des finances publiques, la loi projette une libéralisation de toutes les rubriques. Les nouvelles sociétés devront se conformer aux nouvelles normes établies par une structure de contrôle et régulation du secteur des assurances. La loi comporte cinq cents articles, et introduit aussi des nouvelles assurances comme l’Assurance maritime. Au terme de cet atelier, les parties prenantes ont retenu la volonté du gouvernement de libéraliser totalement, et la nécessité de sauver la Sonas. Parmi les options possibles, l’on préconise outre une révision en profondeur de l'organisation de la Sonas, avec l'élimination des services inutiles et la fusion d'autres, mais aussi la création d’une centrale des risques et des tarifications des opérateurs. Le tout est d’arriver à accélérer la réforme de la Sonas pour éviter à la société de subir de plein fouet cette libéralisation du reste imminente.

Laurent Essolomwa