Bénin : un coup d'Etat avorté secoue la région, Paris déjoue une intox diplomatique

Mardi 9 Décembre 2025 - 9:20

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Après la mutinerie meurtrière, la France dément tout refuge à son ambassade tant que le président Patrice Talon réaffirme son autorité dans un paysage ouest-africain sous-tension.

La France a formellement démenti dimanche les informations selon lesquelles des responsables béninois auraient trouvé refuge à l’ambassade de France à Cotonou après la tentative de coup d’État survenue dans la matinée. « Rien de tout cela n’est vrai », a affirmé Pascal Confavreux, porte-parole du Quai d’Orsay, indiquant que Paris suivait la situation « avec attention » et conseillait aux ressortissants français de rester confinés. Ce démenti s’inscrit dans un climat de forte tension au Bénin : un groupuscule de militaires a tenté de renverser le président Patrice Talon, s’emparant brièvement de la télévision nationale pour annoncer la suspension de la Constitution. Les forces loyalistes ont rapidement neutralisé les mutins. Selon les premières informations, l’opération a fait plusieurs victimes, parmi lesquelles des membres des forces de sécurité et des civils touchés par les échanges de tirs.

L’apparition télévisée de Patrice Talon : un geste de maîtrise politique

Quelques heures après la reprise du contrôle, le président Patrice Talon est apparu à la télévision nationale pour rassurer la population. Il a dénoncé une « entreprise criminelle visant à déstabiliser la Nation » et salué la « vigilance et la loyauté » des forces armées. Talon a appelé les Béninois « au calme et à la vigilance », affirmant que « la démocratie restera debout ». Cette intervention directe, rare dans un contexte d’urgence, visait à consolider l’autorité présidentielle et à prévenir toute propagation de panique ou de désinformation.

Une tentative de déstabilisation aux implications régionales

Sur le plan géopolitique, cet événement intervient dans un contexte ouest-africain fragilisé par une série de coups d’État – Mali, Burkina Faso, Niger – qui ont redessiné l’architecture sécuritaire régionale. Le Bénin, jusqu’ici perçu comme un pilier de stabilité, devient à son tour la cible de dynamiques putschistes. La CEDEAO a immédiatement condamné la tentative, réaffirmant son soutien à Talon et évoquant un possible déploiement de sa force régionale. Cette réaction rapide reflète la volonté de l’organisation de freiner l’émergence d’un « corridor d’instabilité » qui pourrait reconfigurer les rapports de force au sein de la région et ouvrir davantage d’espace à l’influence d’acteurs extérieurs.

Enjeux géostratégiques et géoéconomiques

La rumeur autour de l’ambassade de France s’inscrit dans une bataille informationnelle de plus en plus fréquente en Afrique de l’Ouest, où les perceptions d’ingérence étrangère influencent les alliances internes. Pour Paris, éviter d’être instrumentalisée est essentiel, alors que son influence est contestée dans plusieurs pays sahéliens. Sur le plan géoéconomique, une déstabilisation durable mettrait en péril les investissements stratégiques du Bénin, notamment son corridor portuaire, logistique et énergétique, atout majeur pour l’intégration régionale. Les investisseurs et partenaires internationaux surveillent étroitement l’évolution de la situation, conscients que toute fragilité politique peut perturber la dynamique économique du pays.

Pour l’heure, la réactivité des institutions béninoises et la communication maîtrisée du pouvoir semblent contenir une internationalisation de la crise, mais le Bénin demeure sous l’œil vigilant de ses partenaires régionaux et mondiaux.

Noël Ndong

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