Bruxelles: le nom de Sophie Kanza parmi les 15 retenus pour rebaptiser le tunnel Léopold II

Lundi 1 Février 2021 - 16:45

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La Région de Bruxelles-Capitale a lancé, le lundi 1er février, une procédure de changement de nom du tunnel Léopold II, le  plus long tunnel de la Belgique. Durant tout le mois de février, les Bruxellois sont ainsi appelés à voter parmi 15 noms de femmes, dont celui de la Congolaise Sophie Kanza.

La procédure de rebaptiser le tunnel Léopold «pour symboliquement renforcer la place des femmes dans l’espace public» avait débuté en 2020, avec un appel à idées lancé aux citoyens et la réflexion d’un comité d’experts. Sur 13 000 propositions, dix noms, dont celui de Sophie Kanza, ont été plébiscités par le comité d’experts, tandis que les cinq autres noms ont été proposés par les Bruxellois. Le changement de nom officiel interviendra à la fin de la rénovation du tunnel, prévu dans le courant de l’année.

Aujourd'hui, explique l’organisme Bruxelles Mobilité, seules 6,1% des rues bruxelloises portent le nom d'une femme, ce qui, selon l’organisation, est peu représentatif du rôle social des femmes dans la ville, actuel et passé. Bruxelles Mobilité est l'administration de la Région de Bruxelles-Capitale chargée des équipements, des infrastructures et des déplacements.

Pour Celestina Jorge Vindes, libraire et citoyenne engagée, qui défend la candidature de Sophie Kanza, remplacer le nom de Leopold II, ce souverain qui a été négativement important pour le Congo, par le nom d’une femme comme Sophie Kanza, qui a connu la période coloniale, pourrait avoir une portée symbolique très forte.

Née le 8 février 1940 à Kinshasa et morte le 2 avril 1999 toujours à Kinshasa, Sophie Kanza a été la première femme ministre de la RDC, Zaïre à l’époque. En juin 1961, elle a été la première Congolaise à terminer ses études secondaires. Elle s' est ensuite installée à Genève pour obtenir une Licence en sociologie. En 1964, elle est la première femme congolaise à obtenir un diplôme universitaire. Entre 1966 et 1970, elle est la première femme à occuper un poste ministériel en République démocratique du Congo, Zaïre à l’époque. Elle a été commissaire d’État (ministre) des Affaires sociales de 1966 à 1968. De 1969 à 1970, elle a été ministre d’État des Affaires sociales.

Sophie Kanza a ensuite repris ses études aux États-Unis et obtenu un doctorat en sociologie à l'université de Harvard en 1977. Dans les années 1980, elle a aussi été membre du Conseil d’administration de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) ; directrice générale adjointe à l’Unesco (1981 à 1985) et chargée de mission auprès du directeur général de l’Unesco (1985 à 1988).

Les 14 autres noms retenus

Les autres noms figurant sur la liste sont Andrée De Jongh, (1916-2007), fondatrice du réseau d'évasion Comète, le seul réseau mis en place et dirigé par une femme pendant la Seconde Guerre mondiale en Belgique ; Rosa Parks (1913 – 2005), icône du mouvement des droits civils aux États-Unis et dans le monde ; Annie Cordy (1928 – 2020), chanteuse et comédienne belge née à Bruxelles ; Chantal Akerman (1950-2015), cinéaste belge, considérée comme l'une des plus grandes figures du cinéma moderne ; Isala Van Diest (1842-1916) ; la première femme médecin en médecine générale, chirurgie et obstétrique. Elle était également féministe et membre de la Ligue belge du droit des femmes ; Marguerite Yourcenar (1903-1987) écrivaine et première femme à être choisie comme membre de l'Académie française en 1980 ; Wangari Muta Maathai (1940 – 2011), la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour "sa contribution au développement durable, à la démocratie et à la paix" ; la Reine Astrid, Reine bien-aimée des Belges (1905-1935), empathique et philantrope ; Marie Curie (1867 – 1934), la première femme à recevoir le prix Nobel, et la seule à avoir été récompensée dans deux disciplines scientifiques différentes ; La reine Elisabeth (1876– 1965) a pris des initiatives de pacification pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Grande amoureuse de la musique, elle a fondé le Concours Reine Elisabeth ; Semira Adamou (1978 – 1998) incarne la lutte des femmes pour la dignité et la résistance aux politiques inhumaines d'asile et de migration. Semira Adamu a résisté à cinq tentatives d'expulsion. Lors de la dernière, le 22 septembre 1998, elle est victime de violences policières, menottée aux mains et aux pieds et pliée en deux avec un oreiller devant sa bouche. Elle meurt d'une hémorragie cérébrale. Son décès et son combat provoquent une flambée du débat sur les procédures de migration et d'asile en Belgique ; Simone Veil (1927 – 2017), femme politique française, surtout connue pour la loi qui dépénalise l'interruption volontaire de grossesse ; Antoinette Spaak (1928 - 2020), la première femme présidente d’un parti politique en Belgique et Marie Popelin (1846-1913), juriste belge, pionnière des droits des femmes.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 Une vue du tunnel Léopold II, Photo 2 Sophie Kanza

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