Burkina Faso : trois militaires inculpés pour leur rôle présumé dans l’affaire Norbert Zongo

Samedi 12 Décembre 2015 - 14:59

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La justice burkinabé a inculpé trois soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) - dissout après le coup d’Etat manqué de septembre -, dans l’affaire Norbert Zongo, un journaliste assassiné avec trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998.

Norbert Zongo enquêtait sur la mort suspecte du chauffeur de François Compaoré, le frère cadet du président déchu Blaise Compaoré. Cette inculpation est saluée par la quasi-totalité du peuple burkinabé qui ne croyait plus en la justice de leur pays, puisqu’en 2006, les autorités judiciaires avaient prononcé un non-lieu sur cette affaire.

Selon des sources proches du dossier, les soldats inculpés sont: le caporal Wampasba Nacoulma, le sergent Banagoulo Yaro et le soldat Christophe Kombasséré. Ces derniers sont aussi inculpés dans l’affaire Thomas Sankara, le président du Burkina Faso assassiné, le 15 octobre 1987, lors du coup d’Etat de Blaise Compaoré.

« Trois militaires de l’ex-RSP font l’objet de mandat de dépôt. Les auditions se poursuivent et, à ce jour, il y a eu une dizaine d’auditions, des saisies ont été opérées. Il y a une relance de la procédure », a confié Me Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille Zongo. « Ces trois hommes étaient déjà impliqués dans l’assassinat de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré, a poursuivi l’avocat. Ils sont également impliqués dans l’assassinat du président Thomas Sankara. Ce sont des éléments du Régiment de sécurité présidentielle. Il ressort également du point fait par les juges d’instruction que plus d’une dizaine d’auditions ont été faites et on a retrouvé l’épave du véhicule qui a été utilisé. Je ne saurai vous dire exactement où, mais nous avons vu les photos de l’épave (…) donc c’est un élément, c’est une pièce maîtresse du dossier. Mais ce qui est important, c’est surtout les inculpations puisque ça permet de continuer les interrogatoires. »

La justice ne s’est pas seulement arrêtée à inculper les trois militaires, mais elle a dit avoir retrouvé et mis en lieu sûr le véhicule des assassins de Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune.  Quant à l’Etat burkinabé, il a versé la somme de 233 millions aux ayants droits, au titre de l’indemnisation dans le cadre de cette même affaire. Le règlement de cette indemnisation a été fait en exécution de la décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, rendue en juin dernier.

Abordé par la presse, le frère cadet de Norbert Zongo a dit que ce n’est pas cela qui intéresse les ayants droits. « Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse. Si c’était le cas, nous en aurions eu avec Blaise Compaoré. Ce que nous voulons, c’est la vérité et la justice » a-t-il déclaré, ajoutant que « tous les ingrédients sont réunis pour qu’il y ait justice ».

La procédure de l’affaire Norbert Zongo, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, a été relancée en mars dernier par le gouvernement de transition. « Il s’agit d’une piste très sérieuse pour la manifestation de la vérité», a estimé Me Sankara, espèrant qu’au-delà des exécutants les « commanditaires et les complices » seront appréhendés.

Pour rappel, notons que Norbert Zongo était le directeur de publication du journal d’investigation « L’Indépendant ». Son corps avait été retrouvé calciné avec celui de trois autres compagnons sur la route de Sapouy, à une centaine de kms de Ouagadougou. A l’époque, il enquêtait sur la mort, dans les locaux de la présidence, de David Ouédraogo, alors un des chauffeurs de François Compaoré,  frère cadet du président déchu.

Afin d’honorer la mémoire de Norbert Zongo, le gouvernement burkinabé a décidé, à la faveur de la commémoration du 17e anniversaire de son assassinat, de baptiser de son nom la route Ouagadougou-Saponé, axe sur lequel l’illustre journaliste a été tué avec trois de ses compagnons.

 

Nestor N'Gampoula

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