Burundi : Pierre Buyoya est décédé

Samedi 19 Décembre 2020 - 12:08

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L'ancien président du Burundi Pierre Buyoya (1987-1993 et 1996-2003) est décédé, le 17 décembre à Paris à l'âge de 71 ans des suites du Covid-19, quelques semaines après avoir démissionné de son poste de Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel.

 

Selon l’AFP, Pierre Buyoya avait été hospitalisé le 9 décembre dans un hôpital de Bamako, au Mali, où il avait été placé sous respirateur.

« Il a été évacué sur Paris jeudi en début d'après-midi. Son avion a fait une escale et est arrivé en France dans la nuit. Il est décédé dans une ambulance qui l'amenait dans un hôpital parisien pour des soins », a précisé la même source.

Tutsi issu d'un milieu modeste, Pierre Buyoya a d'abord fait sa carrière dans l'armée avant de devenir président en 1987 à la suite d'un coup d'Etat contre Jean-Baptiste Bagaza, lui aussi un Tutsi, sur fond de grogne militaire. Pendant son premier mandat, il s'est employé à ouvrir l'espace démocratique au Burundi, un processus qui débouche en 1993 sur l'élection à la tête du pays de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu du Burundi et premier Hutu à accéder au pouvoir. Les Hutu représentent environ 85 % de la population du Burundi.

Pierre Buyoya revient au pouvoir en 1996, encore à la faveur d'un coup d'Etat. Le Burundi est alors plongé dans une guerre civile, opposant l'armée dominée par la minorité tutsi à des groupes rebelles hutu. La guerre avait débuté en 1993 avec l'assassinat de Melchior Ndadaye, lors d'un coup d’Etat militaire, moins de quatre mois après son arrivée au pouvoir.

En 2000, Pierre Buyoya signe les Accords d'Arusha (Tanzanie), qui visent à mettre un terme à la guerre civile (300.000 morts, jusqu'en 2006),  et quitte le pouvoir en 2003 conformément à ces accords.

En octobre 2020, il a été condamné au Burundi par contumace à la prison à perpétuité pour l'assassinat de Melchior Ndadaye. Une vingtaine de hauts responsables militaires et civils proches de l’ancien chef de l'Etat ont été condamnés à perpétuité ou subi de lourdes peines de prison pour complicité dans l'assassinat de M. Ndadaye. Le verdict avait été rendu en l'absence des principaux accusés et de leurs avocats. Pour laver son honneur, M. Buyoya avait démissionné fin novembre de son rôle d'envoyé spécial de l'Union africaine.

Dès l'annonce de sa condamnation, il avait dénoncé « un procès politique mené de manière scandaleuse » et orchestré, selon lui, par le pouvoir en place à des fins politiques, notamment celle de « réaliser une grande mobilisation politico-ethnique ».

Le Burundi est dirigé depuis 2005 par le CNDD-FDD, parti issu de l'ancienne principale rébellion hutu, accusé de réprimer toute voix dissidente depuis une nouvelle crise politique en 2015.

Le principal leader du CNDD-FDD, Pierre Nkurunziza, président du Burundi de 2005 à 2020, est décédé brutalement le 8 juin, quelques semaines après l'élection de son dauphin désigné à la tête de l'Etat, Evariste Ndayishimiye.

Yvette Reine Nzaba avec AFP

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