CAN 2023 : Chancel Mbemba, le supplément d'âme des Léopards de la RDC

Mardi 6 Février 2024 - 15:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Capitaine, harangueur et buteur, Chancel Mbemba porte, parfois jusqu'aux larmes, un amour inconditionnel au maillot des "Léopards" de la République démocratique du Congo (RDC), qui défient la Côte d'Ivoire en demi-finale de la Coupe d'Afrique, ce mercredi (21h00) à Abidjan.

"Quand tu as la grâce d'être appelé en équipe nationale, tu dois être fier", a lancé le Marseillais à RFI en recevant le prix Marc-Vivien Foé de meilleur joueur africain de Ligue 1 en 2023. 

"J'ai été appelé en 2012 pour la première fois par Claude Le Roy. J'étais avec la réserve d'Anderlecht (Belgique) et il m'a appelé pour venir m'entraîner avec l'équipe A", se souvient-il. 

"Je l'avais déjà repéré au MK Étanchéité", complète auprès de l'AFP le technicien français, sélectionneur de la RDC, à deux reprises, en 2004-2006 et 2011-2013.

Le Max Mokey Étanchéité est un club formateur de Kinshasa fondé par Max Mokey, d'où est également issu un autre "Léopard" qui participe à cette CAN, Silas Katompa Mvumpa.

"Ce qui m'a le plus touché, c'est son regard un peu incrédule quand il est arrivé en équipe nationale. Il était tout gamin (18 ans, NDLR), il n'en revenait pas, il semblait se demander : mais comment je suis arrivé si vite là ? ", poursuit Le Roy.

"Humilité, calme, exigence"

"J'ai saisi l'opportunité et j'ai joué mon premier match contre les Seychelles à Kinshasa (victoire 3-0). Personne ne me connaissait, car je n'avais pas joué dans les grands clubs du pays comme (Tout-Puissant) Mazembe ou l'AS Vita", embraye Mbemba. "Les gens de ma famille disaient : « C'est notre fils ! ». Quand j'ai fini le match, je suis rentré au quartier, c'était la fête", rigole le capitaine de la RDC. Sa carrière était lancée et il compte à présent quatre-vingts sélections (six buts) sous son cher maillot.

"Il est très concerné, c'est un de ces joueurs à qui on n'imposera jamais de jouer en club à la place de sa sélection", note Le Roy, qui a disputé neuf CAN, et gagné celle de 1988 avec le Cameroun de Roger Milla.

"Un joueur comme Chancel, ça fait beaucoup de différences dans un groupe", assure pour sa part le latéral droit Gédéon Kalulu. "Il est plein de bons conseils sur et en dehors du terrain, tactiques, techniques de positionnement...", précise-t-il. "Il a beaucoup d'humilité et de calme et surtout beaucoup d'exigence", complète le défenseur lorientais.

Ses nerfs n'ont chancelé qu'une seule fois à la CAN, lorsque Walid Regragui, le coach marocain, est venu le provoquer en fin de match.

"Pas une grande gueule"

"Contrairement à ce qu'on dit, Chancel n'est pas une grande gueule, pas du tout", tempère Le Roy. "Il force sa nature parce qu'il est capitaine, mais c'est un doux, un timide, avec une petite voix. Il est très authentique, et d'une gentillesse incroyable ", explique-t-il.

Mbemba est tellement attaché à l'équipe nationale que la veille d'un match contre la République du Congo, il avait pleuré, emporté par sa motivation. "Le derby, c'est un match capital", raconte-t-il à RFI. "Il y a tellement d'histoires entre les deux Congo que, pour nous, c'est un match à ne pas perdre. Ce match-là, il fallait que chaque joueur se donne à fond pour gagner", se rappelle-t-il. 

C'était un quart de finale de la CAN-2015. Le Congo, alors entraîné par... Claude Le Roy menait 2-0 avant d'être emporté par la révolte sonnée par Mbemba et Cie (4-2 score final). Un bien cruel souvenir pour les suiveurs des Diables rouges.

Le Marseillais évoluait alors au milieu de terrain. "Il jouait plus milieu défensif que défenseur central ", rappelle Le Roy, avant d'ajouter : "Les gens s'étonnent de le voir marquer des buts d'attaquants, mais il a longtemps joué devant."

Mbemba a égalisé contre la Guinée en quarts (3-1), pour ramener le Congo en demi-finale de la CAN pour la première fois depuis 2015. C'était déjà contre la Côte d'Ivoire, et la RDC avait perdu (3-1).

Le capitaine veut sa revanche. Pendant qu’il la prendra, les Congolais de Brazzaville, pas ingrats, vont continuer à surveiller le fleuve.

Camille Delourme avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Chancel Mbemba, la belle âme des Léopards de RDC /AFP

Notification: 

Non