CEMAC : les ressortissants circulent désormais sans visa à l’intérieur du territoire communautaire

Jeudi 7 Mai 2015 - 19:53

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La mesure a été annoncée lors du 12e sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) qui s’est tenu le 6 mai à Libreville, au Gabon. Quel ouf de soulagement pour tous !

Une précision est néanmoins à signaler : les citoyens des pays membres de la sous-région devront, pour aller d’un pays à un autre, se munir de l’une des pièces suivantes : la carte d’identité biométrique, le  passeport biométrique ou le passeport Cémac biométrique homologué.

Cette libre circulation des personnes, une mesure salutaire qui devait pourtant entrer en vigueur dès le 1er janvier 2014, sera nous l’espérons, saluée par les ressortissants de la Cémac. Ceci pour la simple raison que la zone accusait déjà un retard en la matière comparativement à certaines régions du continent africain. Le temps d’une longue expectative est enfin fini !

Hormis cela, le sommet de Libreville a été aussi l’occasion pour le Gabon de passer le relais à la Guinée équatoriale quant à la présidence tournante de la Cémac. Obiang Nguema Mbasogo succède désormais à Ali Bongo à la tête de l’organisation. Cela semble significatif lorsqu’on sait que la Guinée équatoriale et le Gabon sont les deux pays qui étaient restés jusque-là réticents dans l’application des dispositions sur la libre circulation des personnes. Le souhait exprimé çà et là dans l’ombre au palais présidentiel du Gabon est que les mesures prises ne souffrent d’aucune entorse aux frontières gabonaises et équato-guinéennes de manière à ce que l’intégration régionale devienne une réalité.

Malgré la bonne nouvelle au sujet de la libre circulation des personnes, il y a cependant un regret immense à signaler en ce qui concerne le transport aérien : les chefs d’Etat, de gouvernement et de délégation ont décidé de « renoncer » au projet Air Cémac. La raison évoquée est qu’au « regard des difficultés de démarrage » de la compagnie aérienne communautaire, il n’y avait d’autre choix que se prononcer pour l’abandon.  

Sur la politique commerciale, les dirigeants de la Cémac se sont appesantis sur la situation actuelle des négociations de l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Afrique centrale et l’Union européenne. À cet effet, le président Ali Bongo Ondimba a été chargé de « jouer un rôle de parrain des négociations », notamment pour assurer le leadership dans le dialogue politique en vue de la conclusion d’un APE régional complet et équilibré.

Toujours à ce sujet, les dirigeants d’Afrique centrale ont adopté le projet de texte portant création, organisation et fonctionnement du Fonds régional de partenariat économique (FORAPE). Ils ont par ailleurs, soutenu la relecture du Programme économique régional (PER) en vue de son adaptation au contexte actuel.

Comme à l’accoutumée en pareille circonstance, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale a fait une communication aux chefs d’Etat. Après avoir évoqué l’exécution des activités dévolues à son institution, il a recommandé aux États de la Cémac d’ « accélérer la diversification économique déjà amorcée, d’améliorer l’environnement des affaires, de mettre en œuvre le PER et de favoriser l’intégration sous-régionale ».

Les questions de paix et de sécurité inscrites à l’ordre du jour de la session ont conduit les dirigeants de la sous-région à s’appesantir sur la situation en Centrafrique, un Etat en proie à une grave crise sécuritaire et humanitaire aux conséquences dramatiques. Ils ont salué les efforts consentis par la communauté internationale, les pays de la Cémac et les Centrafricains eux-mêmes en vue de la normalisation progressive de la situation sur le terrain. Pour ce faire, la Cémac a décidé de la relocalisation immédiate du siège de la commission à Bangui.

Un hommage a été particulièrement rendu au chef de l’État congolais,  Denis Sassou N’Guesso, médiateur dans la crise centrafricaine qui a été encouragé à ne « ménager aucun effort » jusqu’au terme de sa mission.

En outre, la Conférence des chefs d’État a procédé à quelques nominations. Le Tchadien Abbas Mahamat Tolli a eu l’honneur d’être nommé président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). Le poste de vice-président de l’institution a été confié à Armand Guy Zounguéré-Sakombi, en remplacement d’André Nzapayéké. La charge de nouveau secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a été confiée au Camerounais Boubakary Yerima Halilou. Il est secondé par Maurice Christian Ouanzin, de nationalité centrafricaine. Quant à Parfait Etong Abena, de nationalité camerounaise, il assurera à partir du 7 juin, la responsabilité de secrétaire général du Parlement communautaire.

En marge du sommet, le président de la commission de la Cémac, le Congolais Pierre Moussa, a éclairé les journalistes sur les conclusions des assises de la 12e session de la Cémac et sur l’action de son institution. Il a passé en revue les APE, la libre circulation des personnes, le renoncement du projet Air Cémac, pour ne citer  que ces exemples. « La libre circulation des personnes, a-t-il précisé, n’est pas un droit de résidence ou d’établissement dans un pays. Le territoire de la Cémac n’est pas un territoire de visa unique, c'est-à-dire qu’un étranger de la zone qui a eu le visa d’un pays de la communauté ne peut circuler dans l’ensemble des Etats »

En ce qui concerne les APE, Pierre Moussa a indiqué que même si le Cameroun avait déjà signé un accord intérimaire avec l’Union européenne, le pays est resté ensemble avec les autres Etats dans le cadre de la poursuite des négociations en vue de la conclusion d’un accord global.   

Notons que le 13e sommet des chefs d’Etat de la Cémac se tiendra à Malabo, en Guinée équatoriale à une date qui reste à déterminer.

 

 

 

 

Nestor N’Gampoula