Centrafrique : appel à la mobilisation de la communauté internationale pour protéger la population

Jeudi 18 Juillet 2013 - 6:30

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La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a demandé le 18 juillet à la communauté internationale de placer la protection de la population civile centrafricaine au centre de ses priorités. Depuis le renversement de François Bozizé en mars dernier, l’insécurité règne dans le pays

Dans un communiqué, la FIDH souhaite que soient adoptées des mesures de sanction contre les chefs de la Séléka et des seigneurs de guerre, notamment le gel de leurs avoirs financiers. Elle appelle aussi à une opération effective de désarmement de ces éléments sur l’ensemble du territoire et au redéploiement de l’autorité de l’État dans tout le pays.

 Par ailleurs, l’organisation a demandé aux autorités de transition de garantir le respect des droits de l’Homme dans la mise en place des institutions, l’adoption des législations et la mise en œuvre des politiques.

« Les Nations unies et l’Union africaine doivent s’engager dans la mise en place d’une force internationale dont le mandat et le budget doivent permettre de garantir la protection de la population sur l’ensemble du territoire. Cette nouvelle force devra être assortie d’observateurs pour garantir l’accomplissement de son mandat conformément au droit international des droits de l’Homme », souligne le communiqué.

Une mission internationale d’enquête s’est rendue en Centrafricaine du 4 au 13 juillet. D’après la FIDH, cette mission « a pu établir que l’ensemble du territoire était toujours aux mains des éléments Séléka dirigés par des seigneurs de guerre centrafricains, tchadiens ou soudanais, plus de trois mois après avoir porté les chefs rebelles au pouvoir. »

Estimés à cinq mille, ces groupes continuent de commettre les crimes les plus graves contre la population civile, qui peuvent être qualifiés de crimes de guerre, précise le communiqué.

« Dans ces circonstances, les forces et le mandat de la Fomac [Force multinationale des États d'Afrique centrale] sont manifestement insuffisants pour assurer la protection de la population. Parmi les mille éléments de la Fomac actuellement en RCA, le contingent tchadien le plus important en nombre ne rassure pas la population. Et les seules trois garnisons de province, à Poua, Kaga-Bondoro, et Ndele, ont un rayon d’action territoriale beaucoup trop limité. Quant aux soldats français de l’opération Boali, ils ne patrouillent qu’à Bangui et leur mandat est restreint à la sécurité de l’aéroport et des ressortissants français », explique la FIDH.

Pour le chargé de mission de la FIDH, assurer la protection de la population est une obligation incontournable et urgente que le dispositif sécuritaire actuel ne garantit pas. « La persistance de l’anarchie en Centrafrique risque de fragiliser davantage le pays, d’exacerber les tensions et d’empêcher une reprise économique », a déclaré Éric Plouvier.

Sachant que la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves est une condition sine qua non de la sécurité, la FIDH a demandé l’intervention d’une justice à caractère international via l’action de la Cour pénale internationale et/ou la mise en place d’une juridiction mixte spécifique pour juger les responsables présumés de ces crimes.

La FIDH publiera dans les prochaines semaines le rapport complet de sa mission internationale d'enquête en Centrafrique.

Arrivé au pouvoir le 24 mars dernier, l'actuel chef de l'État centrafricain, Michel Djotodia, a maintes fois assuré que tout était mis en œuvre pour cantonner les éléments de l'alliance Séléka qu’il dirigeait, mais ces efforts semblent vains. L'insécurité continue de régner à Bangui, la capitale, et dans d'autres parties du pays.

Nestor N'Gampoula