Centrafrique : deux policiers congolais tués dans un affrontement

Samedi 28 Décembre 2013 - 14:20

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Dans la nuit du 26 au 27 décembre, deux éléments de la force africaine, la Misca, ont été tués en plein centre-ville de Bangui lors d’échanges de tirs. Les heurts se sont déroulés non loin du palais présidentiel et du camp militaire où réside le président de transition, Michel Djotodia, protégé par sa garde présidentielle, essentiellement composée de miliciens issus de l’ex-Séléka

Les échanges de tirs ont débuté alors que les policiers congolais tentaient de désarmer un milicien ivre. « On ne sait pas qui est cet homme saoul. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il y a eu des tirs près du camp de Roux et que la garde présidentielle a répliqué comme elle le devait dans cette zone stratégique. C’est un problème de coordination entre la Misca et notre état-major », assure Guy-Simplice Kodégé, le porte-parole du président. Ces explications n’ont pas satisfait la Misca qui, par la voie de sa hiérarchie, a promis désormais de faire « pleinement usage du droit à la légitime défense ». Haussant le ton, le nouveau chef de la Misca, le général Jean-Marie Mokoko a déclaré : « Nos éléments ont été attaqués par des Séléka réguliers. C’est inadmissible, et nous ne l’admettrons pas. »

À Bangui, les tueries se sont multipliées depuis le 5 décembre, impliquant aussi bien la Séléka et les anti-balakas, le groupe armé chrétien, que les civils de l’une ou l’autre communauté. Le 26 décembre, un charnier contenant une trentaine de cadavres a été découvert au nord de Bangui. L’ONU et la Croix-Rouge parlent d’au moins un millier de morts pendant cette période.

Depuis que des violences interconfessionnelles ont éclaté en Centrafrique, près de 710 000 déplacés ont été comptabilisés sur tout le territoire, dont 214 000 à Bangui et 40 000 à Bossangoa, selon les chiffres du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) publiés le 24 décembre. Mais d’après un porte-parole du HCR à Genève, Adrian Edwards, ces chiffres sont désormais en dessous de la réalité, et ils « sont en train de monter encore ».

L’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, et l’imam Omar Kobine Layama ont appelé l’ONU à déployer de toute urgence une force de maintien de la paix. « La Centrafrique reste au bord d’une guerre aux aspects religieux, et nous craignons que faute d’une réponse internationale plus importante, notre pays ne soit condamné aux ténèbres », ont-ils prévenu de nouveau.

Le président français, François Hollande, qui s’est entretenu avec le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé à ce que l’ONU « joue un rôle plus important encore dans la période de transition en Centrafrique ». Il a d’abord remercié l’organisation d’avoir encouragé le déploiement de forces de la Misca. Selon des diplomates, Ban Ki-moon pourrait envoyer une force de maintien de la paix « d’urgence », dont les effectifs seraient prélevés sur d’autres missions pour aider les troupes françaises et africaines à contenir les violences.

Yvette-Reine Nzaba