Centrafrique : le chef de la Misca répond aux accusations visant le contingent tchadien

Samedi 5 Avril 2014 - 14:41

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Après l’annonce des conclusions de l’enquête de l’ONU sur la fusillade ayant entraîné la mort d’environ 30 personnes et plus de 300 blessés en fin mars à Bangui, le chef de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) sous conduite africaine, Jean Marie Michel Mokoko, a réagi aux accusations visant les soldats tchadiens qui faisaient partie de la force africaine.

« Manifestement, les gens qui ont fait cette enquête n’ont jamais mis les pieds à Bangui. Et je dis et je pèse bien mes mots, qu’il s’agit d’un rapport qui se base sur des faits qui sont imaginaires. (…). On a l’impression qu’il y a un complot universel contre les Tchadiens. Que fait un officier qui commande une unité et qui est prise pour cible ? Elle riposte dans le respect des règles d’engagements qui sont les nôtres dans le cadre de cette mission », a déclaré Jean-Marie Michel Mokoko.

Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, jugeant que son pays était victime d’un « lynchage systématique » a, quant à lui indiqué que les soldats tchadiens étaient « tombés dans une embuscade des anti-balaka ». « Naturellement, ils ont réagi. Cela a soulevé un tollé », a relevé,  dénonçant la « mauvaise réputation fabriquée » contre l’armée de son pays. « La même armée tchadienne, dont on loue le courage et le professionnalisme au Mali, on la traite maintenant comme si elle était une milice venue à la rescousse d’une région ou d’une confession. Pour nous, c’est absolument inadmissible », a-t-il souligné.

D’après les enquêteurs au sein du Bureau intégré des Nations unies en Centrafrique (Binuca), les soldats tchadiens auraient commencé à ouvrir le feu sur la population sans qu’il n’y ait eu de provocation. À ce moment de la journée, le marché était bondé. Alors que les gens s’enfuyaient dans toutes les directions, les soldats auraient continué à tirer aveuglément.

« Selon les informations récoltées par l’équipe de droits de l’homme jusqu’à maintenant, il semble que la force tchadienne a agi de manière totalement disproportionnée en tirant sur un marché rempli de civils non armés », a précisé le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), Rupert Colville.

Les accusations visant les soldats tchadiens de la Misca ont conduit N’Djamnena à retirer ses 850 hommes de Centrafrique. Il s’agit de l’incident le plus grave impliquant des troupes étrangères en Centrafrique depuis le renversement, en mars 2013, du président François Bozizé par la Séléka, une coalition à dominante musulmane appuyée par le Tchad. « Il est mieux pour nous, peut-être pour la Centrafrique, qu’il n’y ait pas de soldats tchadiens en République centrafricaine (...). Nous avons suffisamment encaissé et il est tout à fait légitime pour nous de défendre la réputation de nos forces, même si les responsables de la transition et même si bon nombre de milieux pensent que la présence des troupes tchadiennes pose problème », a confié Moussa Faki Mahamat.

Dans un communiqué, les autorités centrafricaines, avec à la tête la présidente Catherine Samba-Panza, ont fait part de leur « regret » après l’annonce du retrait du contingent tchadien. « C’est un retrait qu’on ne souhaitait pas », a reconnu le ministre des Affaires étrangères centrafricain Toussaint Kongo Doudou. « Nous pensons que nous allons toujours travailler avec le Tchad, car ils ont promis de continuer à nous appuyer grâce à des appuis multiformes qui ne sont pas seulement l’envoi de militaires. La coopération est indispensable dans l’intérêt de nos gouvernements et de nos peuples respectifs. », a-t-il estimé.

Réagissant sur le retrait des soldats tchadiens, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a déclaré que la France prenait acte et saluait l’engagement du président Idriss Deby Itno. Il n’a pas dit un seul mot sur les affirmations du HCDH que démentent le Tchad et la Misca selon lesquelles les militaires tchadiens ont ouvert le feu sur la foule de manière indiscriminée.

 

 

 

Nestor N'Gampoula