C’est où l’Afrique ?

Lundi 1 Septembre 2014 - 19:30

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Les médias italiens contribuent allègrement à la confusion lorsqu’il est question de parler du continent africain ou de ses ressortissants

Il ne passe pas de jour que dans les médias italiens on ne relève des perles toujours plus brillantes. Tout se passe comme si dans la péninsule l’Afrique n’entretenait qu’une image de globalité, qui ne fasse pas de distinction entre le Sénégalais et le Soudanais et que, le Zambien n’était en rien différent de son voisin… burkinabé. Ca fait sourire et ça agace parfois.

Tel membre de la diaspora s’insurgeait sur les réseaux sociaux contre une personne lui ayant demandé comment se disait bonjour  « en africain ». Sa réponse fut d’ailleurs suffisamment à la hauteur de la question : « bonjour en africain, avait-il répliqué avec le sourire, se dit à peu près de la même manière qu’en belge ou en suisse Madame, l’accent en moins ! »

Il n’est pas sûr que ce genre de boutades change quoique ce soit à la perception que l’on continue d’entretenir et sur les clichés vexants qui rassurent. Si l’on ne précise pas que tel pays a une population qui vit avec moins d’un dollar par jour ; qu’il est ravagé par la guerre civile ou le sida ; que ses dirigeants le tiennent « d’une main de fer », alors ça ne fait pas suffisamment couleur locale dans les journaux. Ça ne fait pas Afrique.

Aussi la surprise n’a-t-elle été que partielle de lire dans une dépêche lundi que durant le week-end, la police criminelle de Rome a mené une vaste opération dite de « Alto impatto » (grand impact). Que trois dealers ont fini dans ses filets avec un butin remarquable en drogues saisies et en argent liquide issu de ce commerce. Description aussi des techniques et observations ayant conduit à ces résultats : du beau travail de limiers.

Mais là où le citoyen honnête respire de constater que la police fait effectivement et très bien son travail, c’est le lecteur qui risque la migraine. Car l’agence croit bien faire d’ajouter que les trois délinquants arrêtés sont un Indien de 38 ans, un Ukrainien de 33 ans et un homme de 20 ans « de nationalité africaine ». Une telle affirmation ferait du bien aux panafricanistes qui depuis Kwame Nkrumah courent après la constitution des États-unis d’Afrique. Mais elle offense la réalité qui veut qu’un Danois et un Croate soient deux Européens mais chacun avec un pays, comme les Africains. Le jeune homme arrêté était bien africain mais avait aussi sa nationalité, on l’apprend plus loin: un Malien. Rageant !

Lucien Mpama