Cohésion nationale : doute et appréhensions

Lundi 9 Septembre 2013 - 17:38

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Les délégués au forum national devront, par la qualité du travail qu’ils auront à abattre, démontrer qu’ils avaient toute leur place dans ces assises  voulues salutaires pour le pays.

Un non-évènement, pourrait-on qualifier ces concertations nationales démarrées le 7 septembre sans grande pompe. Kinshasa, la ville-province qui accueille les travaux, n’a pas vibré. Pendant que le go solennel était donné au Palais du peuple, les Kinois, eux, vaquaient à leurs occupations comme si de rien n’était. Mis à part le périmètre du Palais du peuple où quelques militants des partis politiques alliés de la majorité tentaient de donner de la voix, la ville dans sa grande partie, était silencieuse. Le sujet était loin d’accaparer les esprits en ces temps de basse conjoncture où la rentrée scolaire semble plus préoccuper les parents désargentés. Dans l’imaginaire collectif, les concertateurs passent pour des opportunistes qui ne roulent que pour leurs propres intérêts. « Quelle est la part du peuple dans tout ça ? », s’interroge-t-on dans la ville basse.

À l’indifférence affichée par la population qui, visiblement, semble ne pas attendre grand-chose de ces travaux s’ajoutent les critiques acerbes d’une frange des politiciens, particulièrement de l’opposition. Ces derniers se déclarent déçus du fait que le discours d’orientation du chef de l’État à l’ouverture des assises soit resté muet sur « le sort à réserver aux institutions Sénat, Assemblées et exécutifs provinciaux dont les mandats sont largement dépassés ». Il en est de même de la petite territoriale dont la gestion reste jusque-là l’apanage de la majorité présidentielle. Aux Forces acquises au changement (FAC)/Opposition, on ne se fait pas d’illusion. Le signal attendu dans le sens de la décrispation politique n’a pas été au rendez-vous. En lieu et place, ce regroupement politique insinue des « promesses » qu’elles auraient entendues de la part du chef de l’État lorsqu’il a évoqué la « grâce présidentielle » à accorder à certains prisonniers politiques en attendant que soit votée au Parlement une loi d’amnistie.

D’autres opposants, à l’instar de Jean Claude Vuemba, doutent de la matérialisation de cette promesse estimant que cela devrait se faire en amont avant la tenue du forum. Connaissant les habitudes de la classe politique congolaise, cette loi subordonnée à l’ouverture de la session ordinaire de septembre, risquerait, d’après lui, d’attendre de beaux jours avant sa promulgation. Et  Jean Claude Vuemba d'ajoute que les concertations nationales ne peuvent nullement ignorer les pourparlers de Kampala qui posent les bases d’un rapprochement entre le M23 et le gouvernement à intégrer dans la quête du retour à la paix dans l’est de la RDC. La participation de la rébellion du M23, dit-il, est requise à ce Forum national à l’instar d’autres groupes armés et des mouvements militants tels que le Bundu Dia Kongo, l’objectif étant de sceller la cohésion nationale.

Dans l’opinion, cependant, cette cohésion nationale tant recherchée apparaît comme une vue de l’esprit lorsqu’on considère l’auto exclusion de certains partis politiques phares de l’opposition tels que l’UDPS, l’UNC, l’Ecidé, le M17 sans oublier des pans entiers des associations de la société civile. Les uns et les autres estiment avoir des revendications pertinentes à faire valoir, lesquelles revendications malheureusement sont éludées par les organisateurs décidés d’évoluer sans eux, quitte à ce qu’ils reviennent aux bons sentiments.

Décidément, les concertateurs ont du pain sur la planche. Ils doivent par la qualité du travail qu’ils auront à abattre démontrer qu’ils avaient toute leur place dans ce forum national voulu salutaire pour le pays. « J’ai foi en vos capacités pour ce faire, de la même manière que j’ai toujours eu foi en notre pays et en notre peuple », avait dit Joseph Kabila à l’ouverture des assises.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des députés nationaux pendant une plénière