Concertations nationales : la cohésion du pays sacrifiée

Samedi 24 Août 2013 - 17:34

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La démarche de ce forum devait conduire au consensus le plus large possible.

Les concertations-dialogues en cours remettraient en cause l’ordonnance qui les a convoquées et renforcerait la radicalisation des positions d’une très large couche de l’opinion politique dans le sens de la non-participation à ces assises nationales. C’est le point de vue du Congrès des démocrates pour le progrès social (CDPS) de François-Xavier Beltchika. Cette formation politique de l’opposition congolaise s’en tient mordicus à sa déclaration du mois de juillet dernier qui démontrait que l’ordonnance du 26 juin est porteuse des germes de ses propres contradictions au regard de l’objectif de la cohésion nationale.    

Plusieurs forces de l’opposition, et non les moindres, sont absentes des concertations nationales et refusent de cautionner la démarche actuelle du gouvernement. C’est le cas de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi et l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe. Les raisons de cette absence diffèrent selon que l’on est de l’UDPS ou de l’UNC. À l’origine de ce boycott, il y a principalement la non- prise en compte des desiderata de l’opposition liés notamment à la présence d’un facilitateur et du rôle qu’il doit jouer.

Pour le CDPS, « les concertations sont organisées en dehors de l’esprit et de la lettre de l’ordonnance les organisant, d’où sa caducité et la nécessité d’une nouvelle ordonnance qui tiendrait compte de cette réalité ». Il enfonce le clou en dénonçant l’annonce de la formation d’un gouvernement d’union nationale à l’issue des concertations et note que cela « ne doit pas être un plat de miel destiné à  attirer, à attraper et à lier les acteurs de l’opposition politique pour les noyer dans une sauce qui tournera très vite, demain, au vinaigre sans atteindre l’objectif de résoudre fondamentalement les problèmes à la base de la crise et qui mettent en mal la cohésion nationale ».

L’objectif recherché par l’annonce d’un gouvernement de large union nationale, a précisé le CDPS, serait de faire baisser la garde à l’opposition, d’endormir sa vigilance en escamotant l’essentiel de la démarche devant conduire au consensus le plus large possible pour atteindre la cohésion nationale. « Ce serait de la politique politicienne qui obéirait au calcul de protéger l’intérêt partisan au détriment de l’intérêt général de la patrie et du peuple congolais », a relevé le parti cher à Beltchika. Il en appelle à des signaux positifs de la part du pouvoir en vue de restaurer la confiance nécessaire à la cohésion nationale. Cela exige l’application d’une procédure qui démontre la volonté d’atténuer le climat de méfiance, des préjugés entre les acteurs politiques et le peuple et entre ce dernier et le pouvoir.

À en croire le CDPS, le gouvernement doit donner les signes qui rassurent qu’il n’est pas juge et partie dans la concertation-dialogue. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, le présidium de ce forum doit être confié à une structure et une personnalité neutre de la société civile, politiquement moins marquées, capables de jouer le rôle de l’Église au milieu du village. Il est également attendu du président de la République le report de  l’ordonnance querellée par une ordonnance de requalification intégrant tous les éléments sus-évoqués, pour quitter le champ de l’oralité et respecter celui de l’écrit de la loi. Aussi, a précisé le CDPS, tous les acteurs politiques doivent transcender les clivages d’intérêts personnels et partisans pour l’intérêt général de la patrie et du peuple congolais et le démontrer par les actes qui contribuent à atténuer la méfiance et les préjugés négatifs et promeuvent la confiance.

Jeannot Kayuba

Légendes et crédits photo : 

Le bureau du CPDS lors d'une conférence de presse à Kinshasa