Coopération : la Chine et les économies émergentes africaines changent la donne en Afrique

Samedi 31 Mai 2014 - 12:59

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Les partenaires traditionnels ont reconnu la nécessité de revoir l’ensemble de leur approche sur les questions de coopération en se basant sur les nouvelles forces en présence dans la région.

 L e géant asiatique a atteint une grande influence en Afrique, au point de représenter un interlocuteur crédible pour les dirigeants africains en matière d’aide financière. Quant aux nouveaux pays africains émergents, ils sont en mesure de s’adresser à des cabinets privés de renommée internationale pour bénéficier d’une expertise avérée. Comme l’a fait remarquer le président de la Banque mondiale (BM), Jim Yong Kim, à son arrivée à la tête du groupe en 2012, il s’est posé des questions sur la pertinence même de son institution et sa place à l’heure où les pays africains peuvent se tourner vers la Chine pour obtenir une aide financière, et un pays comme le Nigéria peut s’adjoindre facilement les services de cabinets de consultants.

Au cours d’une réunion annuelle du Comité de Breton Wood, le Fonds monétaire international (FMI) et la BM ont abordé le point relatif au défi à relever à leur niveau. Il faut tout simplement, ont-ils insisté, « s’adapter ». Et cela va exiger d’importantes réformes, du reste en cours au sein de ces deux institutions. Du côté de la BM, l’on ne craint pas de tout remettre à plat. L’idée est, par exemple, a expliqué Jim Yong Kim, de comprendre la raison de la variation du simple au triple, selon les pays, du coût d’une intervention. Les questions budgétaires ne doivent plus être un mystère : « Chacun peut s’exprimer sur le budget, tant qu’il ne s’agit pas de celui de son service », a-t-il soutenu. Pour la première fois dans son histoire, la BM n’exclue plus de recourir au vote pour définir ses priorités. Et les arbitrages budgétaires doivent être effectués non pas en fonction du budget de l’exercice précédent mais bien des priorités du groupe. La BM est prête à aider les pays à « effacer des décennies d’erreurs » dans les domaines aussi stratégiques que la santé et l’éducation au regard des besoins énormes pour faire face à la pauvreté et à la vulnérabilité des populations.

Tout le sens de la démarche vise à identifier les innovations les plus intéressantes. Il est question de rendre ces institutions plus efficaces dans le but de conforter leur rôle. Dans ce nouvel élan à imprimer dans la coopération, la BM a souligné l’importance de garder constamment un œil sur la diffusion des connaissances et l’investissement dans les qualifications et la formation. Il faut, a-t-elle renchéri, encourager systématiquement les initiatives adaptées au contexte et porteuses de croissance. L’option des réformes courageuses n’est pas écartée par le FMI qui, sous l’impulsion de Christine Lagarde, a placé ces trois dernières années sous le signe de l’adaptation. « L’institution a dû s’adapter et accorder pour près de 700 milliards de dollars de prêts. À l’heure actuelle, le FMI gère des missions d’assistance technique dans 150 de ses 188 pays membres », a-t-elle déclaré. Le FMI doit mieux prendre en compte les rapports rédigés par ses économistes pour repérer les signes avant-coureurs des crises, notamment celle qui a frappé l’économie mondiale. La peur de prendre des risques a souvent conduit cette institution à un manque de tolérance vis-à-vis des formes de pensée latérale et des idées non conventionnelles, a-t-elle conclu. Déjà, signe de changement, Christine Lagarde a confirmé le non-recours au « huis clos » lors de la nomination prochaine du directeur général adjoint, en remplacement de Nemat Shafik.

Laurent Essolomwa