Côte d'Ivoire : les évêques invités à s'impliquer pleinement dans la réconciliation du pays

Samedi 20 Septembre 2014 - 18:55

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Les prélats ivoiriens étaient, jeudi, au Vatican où ils ont écouté les recommandations du pape pour apaiser vraiment la Côte d’Ivoire.

Coup sur coup, en trois semaines, le pape François a adressé à l’Église d’Afrique trois messages forts. Il y a trois semaines, rencontrant l’ensemble des évêques du Cameroun, il leur rappelait qu’il n’était pas sain qu’un prêtre s’enrichisse au milieu du peuple pauvre qu’il est appelé à servir. Puis, la semaine passée, c’était autour des évêques de la République démocratique du Congo de se voir rappeler que les prêtres ne doivent pas faire de politique qui est du seul privilège des laïcs.

Puis jeudi, le pape a reçu un autre groupe de prélats africains, ceux de la Côte d’Ivoire. Tout comme leurs prédécesseurs avant eux, ils sont venus accomplir eux aussi le pèlerinage quinquennal qui s’impose à tout évêque catholique sur le tombeau des apôtres à Rome, la « visite ad limina ». Là également, le pape a distillé un enseignement qui semble taillé exprès pour l’ensemble du continent tant le contexte d’Église et les contextes sociaux se ressemblent. Il leur a prôné l’unité au sein du clergé. « C’est en étant vraiment des frères entre vous, ouverts au dialogue dans la confiance réciproque, que vous transformerez réellement la société, en vue de la rendre plus conforme à l’idéal évangélique », leur a-t-il recommandé.

Puis le Souverain pontife a abordé, en quelque sorte, les questions africaines qui fâchent toujours : une annonce résolue de l’Évangile sans ‘si’ et sans ‘mais’ ; un équidistance souhaité avec les réalités sur le terrain ; un dialogue avec les autres religions et croyances ; la guerre et les violences et la manière d’aborder leurs conséquences multiformes. Le pape a appelé les évêques ivoiriens à s’engager pleinement dans l’œuvre de réconciliation de leur pays qui se relève à peine de terribles années de guerre civile.

Mais il a mis en garde contre « toute implication personnelle dans les querelles politiques au détriment du bien commun », tout en maintenant « des relations constructives avec les Autorités » du pays et les différentes composantes de la société « de manière à diffuser un véritable esprit évangélique de dialogue et de collaboration ». « Dans ce même esprit, je vous encourage à poursuivre le dialogue avec les musulmans, de manière à décourager toute dérive violente et toute interprétation religieuse erronée au conflit que vous avez connu », a insisté le pape.

Tout comme il l’avait fait la semaine passée en parlant aux évêques de la République démocratique du Congo, le pape François a exhorté les évêques de Côte d’Ivoire à être moins absents de leurs diocèses ; à rester aux côtés de leur clergé et des fidèles car ce ne sont pas les prêtres seuls qui en tireront profit, mais les communautés dans toutes les composantes. « Elles ont besoin d’être soutenues et d’avoir un lien personnel et régulier » avec l’évêque, a réaffirmé le pape.

Le discours s’est achevé sur le souhait aussi de porter plus attention à tous : aux jeunes, aux femmes et aux personnes âgées. Car, « malgré la mentalité traditionnelle africaine qui les entoure d’une vénération particulière », celles-ci commencent, elles aussi, à souffrir de cette « culture du déchet » qui tend à devenir la norme d’époque. « Or leur participation est indispensable à l’équilibre d’un peuple et à l’éducation de la jeunesse », a encore rappelé le pape François.

Lucien Mpama