Côte d’Ivoire: Simone Gbagbo condamnée à 20 ans de prison

Au sortir du Palais de justice, l'ex-première dame ivoirienne dénonce «une justice aux ordres du pouvoir». Pour maître Mathurin Dirabou, avocat de Simone Gbagbo, ce verdict est tout simplement inadmissible et dépourvu de tout fondement: « dans la vie d’une personne, prendre 20 ans d’emprisonnement, ce n’est pas 20 jours. Et puis 20 ans, si ça repose sur des faits, sur des preuves, nous pouvons l’accepter. C’est une loterie. On a distribué des peines. Et si nous sommes abattus, ce n’est pas parce que ce sont des condamnations de 20 ans, c’est parce que le droit n’a pas été dit. »

Pourtant, le procureur général avait dans son réquisitoire retenu 10 ans de prison ferme contre la femme de Laurent Gbagbo pour « attentat contre l'autorité de l'État, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l'ordre public », s'est interrogé l'avocat de la défense. Les juges ivoiriens ont donc multiplié par deux la peine recommandée par le parquet général. Surnommée «La dame de fer », madame Gbagbo a été condamnée ce 9 mars pour son rôle dans les violences post-électorales de 2010-2011 en Côte-d’Ivoire. Selon des rapports de diverses sources, ces violences avaient provoqué à cette époque plus de 3000 morts et plusieurs milliers de blessés civils.

Du côté de l’accusation, c’est la satisfaction totale comme en témoigne la réaction de Me Soungalo Coulbaly, représentant l'État de Côte d'Ivoire dans ce procès : « je pense que c’est justifié, parce que Simone Gbagbo a été l’auteure intellectuelle de beaucoup d’exactions qui ont été commises en Côte d’Ivoire. C’est un verdict qui nous satisfait, parce qu’aujourd’hui, nous pensons que les victimes seront satisfaites de voir que l’on a réglé un problème de l’impunité en Côte d’Ivoire. »

En effet, l’épouse de Laurent Gbagbo est condamnée dans ce procès avec quatre-vingt et deux autres co-accusés pro-Gbagbo. Deux personnalités ont également écopé des mêmes peines de 20 ans de prison et 10 ans de privation des droits civiques. Il s'agit du vice-amiral Vagba Faussignaux et du chef de la garde républicaine, le général Bruno Dogbo Blé. Quant à Michel Gbagbo, le fils de l’ancien président, il a été condamné à 5 ans de prison et 5 ans de privation de ses droits civiques.

Les condamnés disposent désormais d’un délai de cinq jours pour se pourvoir en cassation. Ils pourront à cet effet obtenir l’assouplissement de leurs peines.