Décentralisation : des obstacles au découpage persistent

Jeudi 9 Juillet 2015 - 16:45

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La grande inconnue du moment, c’est de savoir si les vingt-six nouvelles provinces en gestation réunissent les conditions administratives, financières et matérielles requises pour fonctionner comme entités territoriales décentralisées.

Après le raté du 30 juin initialement fixé pour consacrer officiellement l’installation de vingt-six nouvelles provinces telle que préconisée par la Constitution, les regards sont à présent tournés vers une nouvelle échéance, soit le 15 août 2015. Plusieurs facteurs incitent cependant à mettre un bémol sur l’enthousiasme manifesté par les férus du découpage immédiat qui, visiblement, semblent faire fi de la réalité du terrain, obnubilés uniquement par l’obsession de changer la configuration du pays. Plusieurs analystes mettent, d’ores et déjà, en garde contre un découpage précipité pouvant contenir des germes de conflictualité difficiles à gérer.

Il est un fait qu’aujourd’hui, la RDC ne réunit pas les moyens financiers requis pour se payer le luxe d’assurer le passage de onze à vingt-six provinces, fait-on observer. Déjà laborieux dans sa mise en œuvre, le découpage requiert d’importants fonds étant entendu que l’État devra, sur base de la nouvelle cartographie, installer 1.041 entités territoriales décentralisées et pourvoir à un minimum de 18.168 postes  pour 26 provinces, 20 villes, 97 communes, 161 cités, 476 secteurs et 261 chefferies. À côté de 26 nouveaux gouverneurs et leurs vice-gouverneurs (52 personnes au total), il faudrait ajouter tous les services connexes répondant à leur tutelle administrative, sans oublier les assemblées provinciales et tous les autres services publics censés assurer le fonctionnement efficient d’une entité politico-administrative autonome.  Ce qui, de l’avis de nombreux experts, revient à dire que le découpage est un processus laborieux dont la matérialisation requiert un examen approfondi.

Il est un fait encore que les nouvelles entités en gestation ne réunissent pas les conditions administratives, financières et matérielles requises pour fonctionner comme entités territoriales décentralisées. L’Exécutif national qui peine déjà à rétrocéder la quotité de 40% des recettes dus aux provinces actuelles accumulant des arriérés qui entravent leur développement, n’a décidément pas les moyens de sa politique, surtout dans un contexte électoral caractérisé par un déficit chronique du budget annuel censé être affecté à la Céni. Avec une loi de finances 2015 votée au Parlement sans prendre en compte cette donne, il y a lieu de se demander où les futures assemblées et gouvernements provinciaux dont les charges de fonctionnement sont à multiplier par vingt-six, trouveront les fonds nécessaires pour exister en tant que tels.   

Bien plus, la viabilité des nouvelles provinces à ériger pose problème, comme le font remarquer maints observateurs. Tant au Maindombe qu’à la Tshuapa ou encore au Haut-Lomami, Lualaba, Lulua (Pour ne citer que ces quelques cas), les infrastructures d’accueil de nouvelles administrations sont quasi inexistantes. Sans routes, sans industries, sans électricité, sans aéroports, sans rails, sans eau potable, sans hôpitaux de référence, sans universités, sans marchés modernes etc., la viabilité desdites provinces reste donc sujette à caution. Certaines langues prédisent déjà l’échec de ce projet avec tout ce qui s’ensuit comme atermoiements et dont la conséquence fâcheuse serait inéluctablement le glissement du calendrier électoral.                                           

Alain Diasso

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