Destiny Loukakou, lauréat du Challenge entrepreunarial du Bassin du Congo

Samedi 21 Décembre 2013 - 9:02

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L’écrivain et journaliste zambien Field Ruwe avait créé le buzz dans le monde africain anglophone avec sa tribune Vous ordures (intellectuelles) africaines paresseuses (You Lazy (Intellectual) African Scum!) parue en janvier 2012, dans laquelle il fustigeait entre autres les élites africaines trop insensibles aux difficiles conditions de vie des « masses laborieuses » pour inventer des solutions qui leur simplifieraient la vie. Loin de ce constat, l’un des lauréats du Challenge entrepreneurial organisé par le Rice, Destiny Loukakou, chercheur en génie électrique et informatique industrielle,  et ses trois amis ingénieurs ont créé « Pousselec », une invention qui va bientôt révolutionner la vie des pousse-pousseurs africains

Destiny Loukakou, lauréat du challenge Challenge Entrepreunarial du Bassin du CongoLes Dépêches de Brazzaville : En quoi consiste « Pousselec » ?
Destiny Loukakou : « Pousselec » est un projet de motorisation des pousse-pousse avec un moteur électrique. J’ai eu cette idée avec un ami lors d’un déménagement un peu difficile. « Pousselec » améliorera les conditions de travail des pousse-pousseurs, qui fournissent aujourd’hui beaucoup d’efforts physiques pour déplacer leurs charges. Avec « Pousselec », ils seront tractés. À la base, nous souhaitions équiper les pousse-pousse d’un moteur thermique, mais cela demandait trop de mécanique et d’entretien. Nous avons donc opté pour une solution électrique qui a en plus l’avantage d’être écologique, car elle utilise une énergie renouvelable, qui n’émet ni C02 et ni pollution sonore.

Comment avez-vous eu l’idée de vous inscrire au Challenge entrepreunarial du Bassin du Congo ?
Quand nous avons commencé à monter notre projet, nous nous sommes heurtés à des problèmes de financement. Nous avons fait des recherches sur internet qui nous ont permis de découvrir le Challenge entrepreneurial organisé par le Rice, et nous avons décidé de tenter l’aventure.

À quelles difficultés vous êtes vous heurtés avec votre candidature ?
Nous avons tous des profils d’ingénieur et de chercheur, et donc nous ne pensions pas systématiquement au plan financier quand nous montions un projet. C’était la première fois que l’on faisait un vrai business plan. Cette démarche était nouvelle pour nous et elle nous a étonnés car nous pensions que pour se lancer, un bon projet suffisait. Le Rice a mis en relation chaque candidat avec un business mentor pour nous soutenir dans l’élaboration du business plan. Pour notre part, nous avons travaillé avec Sylvain Nkanza, qui nous a beaucoup aidés. La difficulté majeure était de tout chiffrer. Au Congo, il est très difficile de trouver des données et des statistiques, nous avons donc eu recours à nos amis installés au pays pour avoir les informations dont nous avions besoin et cela nous a pris du temps. Le point positif est que cela nous a permis d’évaluer économiquement la viabilité du projet et cela nous a donné des réflexes d’entrepreneurs.

Comment se sont passées les épreuves à Brazzaville ?
Je me suis déplacé à Brazzaville, accompagné par mon business mentor, Sylvain Nkanza, pour la présentation devant le jury. J’ai eu vingt minutes de discussion avec les membres du jury sur les aspects techniques et économiques du projet. Notamment, nous avons pris l’option de mettre les pousse-pousse électriques en location plutôt que de les vendre.

Qu’est ce que cette victoire au Challenge va apporter à votre projet ?
Cela change beaucoup de choses, car la dotation nous permet d’aller plus loin. Dans un premier temps nous allons acheter tout le matériel nécessaire pour monter dix pousse-pousse qui seront disponibles à Brazzaville avant d’augmenter progressivement le parc : achat de panneaux solaires, de moteurs, de composants électriques etc. Cela va également nous permettre de couvrir les frais de création de l’entreprise, le paiement des salaires et la location des locaux.

Cela signifie également un retour au pays. Vous y étiez préparé ?
Dans mon entourage, tout le monde pense à rentrer investir au Congo mais ce qui nous manquait c’était le « comment faire ». Cette victoire au Challenge m’a permis de raccourcir l’échéance et je suis maintenant tourné à 100 % vers le Congo.

Finalement, quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Le bilan est plus que positif ! J’ai rencontré à Brazzaville de nombreux jeunes motivés pour venir présenter leurs projets lors du prochain challenge et se donner une chance de les concrétiser. Celui-ci a développé en eux un esprit d’entrepreneur. J’étais bien dans ma peau de chercheur, je me découvre maintenant entrepreneur et j’ai pu nouer des contacts intéressants avec d’autres candidats qui pourraient déboucher sur des collaborations.

Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Destiny Loukakou, lauréat du challenge Challenge entrepreunarial du Bassin du Congo. (© Adiac) Photo 2 : Destiny Loukakou avec sa dotation (© DR)