Diaspora : trois questions à Christian Milébé Vaz économiste, juriste et philosophe Franco-congolais

Vendredi 25 Juin 2021 - 15:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Franco-congolais, Christian Milébé Vaz, co-initiateur de la coopération décentralisée les Yvelines, France / la Cuvette, Congo, auteur d’un récent ouvrage intitulé « La nouvelle gouvernance financière publique dans les organisations du système des Nations unies », aux LGDJ Editions, livre son approche économique sur la politique des cinq ans à venir au Congo.

Couverture essai sur la nouvelle gouvernance financière publique de Christian Milébé VazLes Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Que faut-il retenir du discours du Premier ministre sur la présentation de la politique générale de son gouvernement, du lundi 21 juin, devant l’Assemblée nationale ?

Christian Milébé Vaz (C.M.V.) : Notons le caractère d’une volonté réformatrice qui veut s’inscrire dans une approche de la nouvelle gouvernance financière publique. Les annonces très ambitieuses contenues dans ce discours démontrent très clairement cette volonté de réformes. Par conséquent, pour que cette détermination devienne une réalité dans la vie des Congolais, le Premier ministre, plus que jamais, doit passer des paroles aux actes forts. Il lui appartient donc d’appliquer dès maintenant à son programme d’action les conditions essentielles du succès de la mise en œuvre de la nouvelle gouvernance financière publique. Les prochaines mesures des politiques économiques et sociales de son gouvernement seront les premiers signes qui confirmeront ou infirmeront cette volonté. Cela va commencer avec le projet de loi de finances rectificative que nous attendons avec beaucoup d’intérêt. Il faut d’ailleurs rendre justice au Premier ministre, Collinet Makosso, qui a proposé la création d’un ministère du contrôle de l’Etat ; c’est une première mondiale. Ce ministère me paraît aussi important que le ministère des Finances, car il est l’un des principaux piliers de la nouvelle gouvernance financière publique. Par conséquent, il sera très intéressant d’en observer l’effectivité, avec l’espoir également que ses rapports seront bien destinés au Parlement.

L.D.B. : La déclinaison de la politique déterminée, inspirée du projet de société « Ensemble, poursuivons la marche », est-elle la méthode appropriée ?

C.M.V. : Inspirée par la vision du président de la République, la déclinaison faite en douze priorités par Anatole Collinet Makosso constitue un bon début. Cependant, il doit aller encore plus loin dans l’appropriation de la méthode fondée sur les résultats. Pour cela, il doit privilégier la contractualisation afin d’assurer, d’une part, la coordination, la cohérence et l’intégration de sa vision stratégique avec les visions opérationnelles de ses ministres et, d’autre part, les visions opérationnelles des collectivités locales. Pour y parvenir, il doit passer nécessairement par la mise en place des contrats de résultats, aussi bien entre lui et ses ministres qu’entre l’Etat et les collectivités locales. Ces contrats seront l’une des clés de voûte de la réussite de son programme d’action ambitieux. Si le Premier ministre veut mettre le Congo sur la voie du développement local, une décentralisation effective nécessite une redéfinition des compétences entre l’Etat et les collectivités locales avec l’intégration de la coopération décentralisée et la solidarité internationale.

L.D.B. : Comment préconisez-vous l’intégration des Congolais de l’étranger au processus du développement durable du Congo Brazzaville ?

C.M.V. : Elle doit passer nécessairement par la mise en place d’une vraie politique d’intégration. L’histoire du développement des nations nous enseigne qu’aucun pays ne s’est développé sans sa diaspora. Si le Premier ministre veut réussir son pari, une série de mesures s’impose : la création d’un Programme d’appui aux initiatives économiques et sociales pour l’entrepreneuriat, à l’image de ce qui se fait au Rwanda ; la création d’un Programme d’appui aux initiatives de solidarité internationale pour le développement local, à l’image de ce qui se fait au Sénégal et au Maroc ; la création d’un Programme d’appui aux initiatives de coopération décentralisée pour le développement local, comme ce qui se fait au Sénégal, etc. Ces exemples de mesures concrètes ne pourront que séduire tous les Congolais de l’étranger et, par conséquent, répondre à leurs attentes. C’est la raison pour laquelle le Premier ministre doit créer, de manière active, les conditions d’adhésion et de participation au développement de ce vaste chantier. C’est le moment de le faire.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Couverture essai sur la nouvelle gouvernance financière publique de Christian Milébé Vaz

Notification: 

Non