Diplomatie : l'arrivée d'Emmanuel Macron à Kinshasa suscite des remous

Jeudi 2 Mars 2023 - 17:48

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À quelques heures de l'arrivée d'Emmanuel Macron à Kinshasa, ce 3 mars, bien des langues se délient pour récuser la gestion, par la France, de la crise sécuritaire qui sévit à l'est de la République d émocratique du Congo (RDC).

La visite du président français, visiblement, n'est pas du goût de la  majorité des Congolais. En témoignent les nombreux messages anti-Macron qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux. Dans l'imaginaire collectif, en effet, Emmanuel Macron serait de mèche avec le Rwanda qui fait la guerre à la RDC via la rébellion du M23. Le fait pour lui d'être trop évasif dans son approche de la question de l'Est laisse perplexes de nombreux Congolais qui continuent plutôt à attendre de lui un discours clair et sans ambiguïté.

Le locataire de l'Elysée ne condamne pas avec assez de fermeté l'agression dont est victime la RDC de la part du M23 avec le soutien armé du Rwanda. Telle est la conviction largement partagée en haut lieu sur fond d'un sentiment de trahison dont la France se serait rendue coupable de part son rapprochement avec Kigali. Mercredi, devant l’ambassade de la France à Kinshasa, des jeunes surexcités et révoltés ont protesté contre l'arrivée du président Macron. Les manifestants ont dénoncé un plan de balkanisation de la RDC avec le concours de la France visant la prédation des richesses naturelles congolaises.

De la France, ils ont déclaré attendre une condamnation ferme du Rwanda en plus d'un soutien ou d'une aide militaire en faveur de la RDC. Dans la foulée, l'une des résidences de l'artiste Fally Ipupa, aperçu à l'Elysée au côté d'Emmanuel Macron qui dévoilait, le 28 février, son nouveau modèle de partenariat entre la France et l’Afrique, a été incendiée. Face à la montée de la tension sur fond d'intolérance à quelques heures de l'arrivée du chef de l'État français dans la capitale, le gouvernement tente d'apaiser les esprits en soufflant le chaud et le froid.

Au cours d’un briefing spécial tenu le 1er mars, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a appelé la population à plus de retenue pour ne pas faire le jeu de l’ennemi face à un événement de haute portée diplomatique qui survient dans un contexte tout à fait particulier, dominé par une série de défis à relever tant sur le plan sécuritaire, culturel qu'économique. Il a, sur le même ton, indiqué que le président Félix Tshisekedi attend de son hôte d'user de tous ses pouvoirs et peser de tout son poids pour stopper l’agression rwandaise en vue de la restauration de la paix dans l’Est du pays. Il a précisé qu'il s'agit d’une visite à percevoir d’un tout autre œil, vu que le président Macron aura à sa suite une forte délégation composée des investisseurs et d'hommes d’affaires français. Qu'à cela ne tienne. Tout porte à croire que la visite d'Emmanuel Macron à Kinshasa ne sera vraisemblablement pas de tout repos.

Alain Diasso

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