Distinction : le prix Nobel de littérature attribué au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah

Jeudi 7 Octobre 2021 - 17:45

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Le Nobel de littérature a sacré, le 7 octobre, le romancier Abdulrazak Gurnah pour ses récits sur l'époque coloniale et  post-coloniale en Afrique de l'est et le destin difficile des réfugiés coincés entre deux mondes.

Né en 1948, Abdulrazak Gurnah est le premier auteur africain à recevoir la plus prestigieuse des récompenses littéraires depuis 2003, et le cinquième du continent au total. Connu notamment pour ses romans "Paradise" (1994) et "By the sea" ("Près de la mer", 2001), l'écrivain a été récompensé pour son récit "empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents", selon l'Académie suédoise qui décerne le prix.

Ayant des origines de la péninsule arabique par sa famille, il a fui Zanzibar, archipel de l'océan indien, pour l'Angleterre à la fin des années 1960, après l'indépendance de cet ancien protectorat britannique et son union avec le Tanganyka pour former la Tanzanie, à un moment où la minorité arabe était persécutée. Il n'a remis les pieds à Zanzibar qu'en 1984, au chevet de son père mourant.

S'il écrit depuis ses vingt et un ans, Abdulrazak Gurnah a publié dix romans depuis 1987, ainsi que des nouvelles. Son dernier ouvrage, "Afterlives" ("Vies d'après, ndr), la suite de "Paradise", se déroule au début du XXe siècle à la fin de l'époque coloniale allemande en Tanzanie. Il écrit en anglais même si sa première langue d'origine était le swahili. 

Lors de sa première interview à la Fondation Nobel, le lauréat a appelé l'Europe à changer de point de vue sur les réfugiés d'Afrique et la crise migratoire. "Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu'ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides", a affirmé l'écrivain, soulignant qu'il s'agissait "de gens talentueux et pleins d'énergie".

Si l'Académie le place dans la tradition littéraire de langue anglaise sous le patronage de Shakespeare et de V.S Naipaul, "il faut souligner qu'il rompt consciemment avec les conventions, bousculant la perspective coloniale pour mettre en valeur celle des populations locales", selon le jury Nobel.

Son oeuvre s'éloigne des "descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l'Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde", a-t-il expliqué.

Jusqu'à sa récente retraite, il était professeur de littérature anglaise et post-coloniale à l'Université du Kent à Canterbury, où il était un fin connaisseur de l'oeuvre du Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka et du Kenyan Ngugi wa Thiong'o, qui figurait parmi les favoris pour le Nobel cette année. Il est aussi le premier auteur noir africain à recevoir la plus prestigieuse des récompenses littéraires depuis Soyinka en 1986.

Le gouvernement tanzanien a salué l'attribution jeudi du prix Nobel de littérature au romancier Abdulrazak Gurnah, né à Zanzibar et vivant au Royaume-Uni, en estimant qu'il s'agissait d'une "victoire" pour la Tanzanie et le continent africain.

"Vous avez sans aucun doute rendu justice à votre profession, votre victoire est celle de la Tanzanie et de l'Afrique", a déclaré sur Twitter le porte-parole du gouvernement.

D'après AFP

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