Distinction : le prix Sakharov 2014 attribué au gynécologue Denis Mukwege

Après le prix Olof-Palme, celui des droits de l'homme des Nations unies ainsi que le Prix international du Roi-Baudouin pour le développement, il vient de se voir décerné le prix Sakharov dans son édition 2014. Ce prix crée en 1988 honore les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l'homme et des libertés. Pour cette année, le choix a été porté sur le Dr Mukwege en raison de l’abnégation et du courage qu’il a affiché dans les soins apportés aux femmes victimes de violences sexuelles. Le travail du gynécologue a été fortement apprécié à Strasbourg par le Parlement européen eut égard surtout aux risques qu’il encourt sur un territoire gangrené par des conflits armés récurrents. Déjà en 2012, le médecin a échappé à une tentative d’assassinat à son domicile de Bukavu (province du Sud-Kivu). Il a dû se réfugier en Suède puis en Belgique où il a séjourné avec sa famille jusqu’à son retour.

Cette détermination à être au chevet de ses malades au risque de sa vie a forcé l’admiration du jury qui avait l’embarras de choix entre lui et deux autres finalistes. Il s’agit du mouvement ukrainien pro-européen Euro-Maïdan qui s’est illustré à partir de novembre 2013 par son engagement en faveur de la liberté à Kiev et de la militante azerbaïdjanaise des droits de l’homme Leyla Yunus actuellement emprisonnée. Après examen minutieux du profil des candidats et des dividendes engrangés dans leur lutte pour la défense des droits de l’homme, les présidents des groupes politiques se sont enfin prononcés à l'unanimité en faveur du docteur congolais. Ce prix « pour la liberté de l'esprit » doté de cinquante mille euros lui sera remis solennellement le 26 novembre à Strasbourg, apprend-on.

Pour rappel, le Dr Mukwege et ses équipes soignent depuis près de dix ans à l’hôpital de Pinzi, des femmes victimes de violences sexuelles en essayant de leur apporter le soulagement que requiert leur condition exacerbée du fait des traumatismes subis. Plus de quarante mille femmes sont déjà passées entre leurs mains. Ces quinze dernières années, on estime qu'un demi-million de femmes ont été violées à l’Est de la RDC.