Dossier fin d'année/Phénomène Bébés noirs : une nouvelle forme de criminalité grandissante

Mercredi 2 Janvier 2019 - 18:46

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Observé depuis quelques années dans les grandes villes du pays, le phénomène constitue actuellement un véritable problème social que le gouvernement devrait s’employer à combattre avec rigueur.

Les forces de l’ordre font actuellement face à une nouvelle forme de criminalité. Il s’agit notamment du phénomène « Bébés noirs », développée par des jeunes gens souvent munis d’armes blanches. Constitués en gangs, ces jeunes sont reconnus à travers les appellations « Arabes et Américains ». En effet, ils s’attaquent souvent aux paisibles citoyens, endeuillant ainsi de nombreuses familles. Ces hors-la-loi s’affrontent parfois entre eux.

Le dernier épisode en date est l’agression réciproque des parents des chefs de gangs « Arabes et Américains » au quartier Jacques Opangault, dans le neuvième arrondissement de Brazzaville, Djiri. Le bilan est lourd : cinq morts dont trois du côté des Arabes et deux chez les Américains. Le fait regrettable dans cet affrontement, c’est qu’ils se sont pris aux innocents.

Des actes barbares condamnés du côté de la police où l’on parle des repris de justice. Car, d’après les témoignages, les Arabes, à l’origine de cette agression sauvage, avaient été déférés à la Maison d’arrêt de Brazzaville après le meurtre d’un citoyen à Ngamakosso, dans le sixième arrondissement Talangaï. Hélas ! Comme c’est devenu une coutume, ils auraient été relâchés trois jours seulement après leur incarcération.

Le parquet de Brazzaville sur la sellette

Dans le but d’éradiquer ce phénomène, les autorités congolaises lançaient, il y a plus d’une année, une opération dite « Patrouille judiciaire ».  Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Brazzaville, André Ngakala-Oko, assimilait ces bandits aux terroristes. Il promettait même de mettre ces jeunes dont l’âge varie entre 13 et 30 ans hors d’état de nuire, y compris leurs complices. Aujourd’hui, du côté de la police, l'on indexe le parquet de Brazzaville qui libère souvent les auteurs de actes crapuleux sans toute forme de procès. La raison évoquée est le fait qu’il s’agirait des mineurs.

Le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, relevait devant le Sénat que le Congo ne disposait pas de centres appropriés pour la détention des délinquants mineurs. Selon lui, les phénomènes « Bébés noirs » à Brazzaville et « Armées de rails » à Pointe- Noire constituent actuellement un véritable problème social que le gouvernement s’emploie à combattre.

Il déclarait, par ailleurs, que les autorités étudiaient les possibilités de construction des centres d’incarcération de ces bandits dont l’âge varie entre 15 et 16 ans, d’autant plus que la législation du pays n’autorisait pas leur garde dans les geôles. Mais il reconnaissait que les actes criminels posés par ces délinquants mineurs ne pouvaient en aucun cas laisser la police les remettre à la disposition de leurs parents.

Est-ce à dire qu’à la Maison d’arrêt de Brazzaville, il n’y a pas des jeunes de moins de 18 ans ? Les services de l’administration pénitentiaire devraient éclaircir l’opinion car, pendant les examens d’Etat de l'année dernière, certains détenus ont passé les épreuves du Certificat d’études primaires élémentaires, du Brevet d’études du premier cycle et du baccalauréat en qualité parfois d’officiels.

Alors, après ces différentes déclarations, faut-il laisser ces jeunes écumer les quartiers ? En effet, pour réduire les risques des conséquences des Bébés noirs, les services de police devraient changer leur méthode de patrouille dans les quartiers réputés dans ces mauvaises pratiques. Ce qui est sûr, la police seule ne peut pas éradiquer ce phénomène qui empoisonne la société congolaise.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Une vue des éléments de la police/Adiac

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