Echanges : le rouble, la monnaie la plus performante du monde en 2022

Mercredi 6 Juillet 2022 - 12:44

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S’approchant d’un taux de change à 50 roubles pour un dollar pour la première fois depuis mai 2015, le rouble a atteint fin juin un niveau historique face au dollar et à l’euro.

Le rouble russe a atteint le 29 juin son plus haut niveau depuis plus de sept ans, devenant la monnaie la plus performante du monde de l’année. Ce gain est le résultat d’une série de mesures prises par Moscou pour contourner les sanctions  imposées par les pays occidentaux, après l’envoi des troupes en Ukraine, le 24 février. Contrôle des capitaux, vente des devises étrangères pour les exportateurs, paiement en rouble pour les gaz naturels, le pays a imposé une série de mesures afin de redresser sa monnaie, et cela a fonctionné.  « J’ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises », avait  déclaré le président russe lors d’une rencontre gouvernementale le 23 mars dernier. « Il est clair que livrer nos marchandises à l’UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d’autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous », avait-il poursuivi. Cette mesure avait suscité une vague de réactions.

Au plus haut depuis 2015, un rouble fort depuis la guerre ukrainienne

La monnaie russe devient dès lors la première monnaie mondiale à avoir progressé parmi les 31 devises suivies par le média Bloomberg. Le rouble se porte donc très bien alors même que la Russie est en guerre depuis plusieurs mois. Les recettes des exportations de matières premières, la forte baisse des importations et les paiements d’impôts en roubles par les entreprises russes tournées vers l’exportation expliquent également la hausse de la monnaie. Le rouble était en hausse de plus de 3 % à 50,22 face au dollar à la Bourse de Moscou, après avoir atteint 50,01. Face à l’euro, la monnaie russe a grimpé de 3 % à 52,89, dépassant les 53 pour la première fois depuis avril 2015. Avant que la Russie ne lance ce qu’elle appelle une « opération militaire spéciale » en Ukraine, le rouble s’échangeait à près de 80 pour un dollar et 90 contre un euro. Un rouble fort réduit les revenus que la Russie tire de la vente de produits de base et d’autres marchandises à l’étranger contre des dollars et des euros. Le vice-Premier ministre Andrei Belousov a déclaré que l’industrie russe serait plus à l’aise si le taux de change du rouble tombait entre 70 et 80 pour un dollar. D’autres pays comme la Turquie ou l’Argentine avaient déjà essayé par le passé d’imposer des mesures similaires avec des contrôles de capitaux, mais sans obtenir les mêmes résultats. 

Une récession inévitable

C’est une évidence, la récession est inévitable. Elle  a commencé en 2019 et a été accélérée par la guerre économique programmée contre la Russie, qui coupe progressivement le gaz à l’Europe, au fur et à mesure qu’elle trouve des débouchés pour ses hydrocarbures en dehors du monde occidental. Aujourd'hui, on observe que les sanctions de l’Union européenne (UE) contre la Russie et le cycle des sanctions des Etats-Unis contre la Chine jouent plutôt contre l’occident. Car, ces deux pays s’adaptent très vite et deviennent de plus en plus indépendants. C’est le cas de la Chine, qui a accéléré la programmation de ses microprocesseurs, et devient de plus en plus fournisseur de ses produits à la Russie, y compris son matériel militaire. Si ces puces sont de moins bonne qualité que celles des Etats-Unis, elles ont l’avantage d’exister.  Quant à la Russie, elle souffre de la fermeture des usines occidentales sur son territoire, mais elle pourra fabriquer ses propres voitures - certes  de gamme inférieure pour le moment-tandis que  l’Occident se prive de clients et pourrait se retrouver avec des usines financées à crédit et sans de grands débouchés, au moment même où l’UE connaît des difficultés économiques.

En Allemagne, le cœur industriel de l’Europe, la privation du gaz russe accélère la récession, les usines étant à deux doigts de devoir arrêter leur production faute d’énergie. Pire,  les énergies renouvelables ( éoliennes et solaires) dépendent du gaz. Nous assistons donc à la mort du modèle économique allemand, pendant que l’UE cherche désespérément le pétrole et le charbon pour espérer passer l’hiver au chaud. Le ministre suisse de l’Energie, Guy Parmelin, « recommande » de se préparer à baisser le chauffage l’hiver prochain.

Noël Ndong

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