Embellie du cadre macroéconomique : un arbre qui cache la forêt

Jeudi 15 Mai 2014 - 16:15

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La Banque centrale du Congo (BCC) a enregistré en ce mois de mai une forte baisse des réserves internationales (réserves de change et avoirs en devises étrangères) de plus de cinquante millions de dollars.

Au-delà de l’embellie du cadre macroéconomique dont s’est toujours prévalu le Premier ministre Matata Ponyo, laquelle embellie a été confirmée par la dernière réunion de la troïka stratégique avec, à la clé, un solde excédentaire de 26,6 milliards FC enregistré au 9 mai 2014, les réserves internationales de la République se portent plutôt mal. La RDC qui est censée, à l’instar d’autres pays civilisés, se doter d’un matelas des devises suffisantes afin de se prémunir contre tout choc extérieur, paraît ne pas être bien outillée pour ce faire. L’amenuisement de ses réserves en devises étrangères passées, d’un mois à l’autre, de 1.879,95 millions de dollars à 1.829,66 millions de dollars, n’est pas pour rassurer quant à l’avenir. Le constat douloureux en a été fait le  12 mai dernier au cours de la réunion de la troïka stratégique. Cette tendance à la baisse, qui a vu cinquante millions de dollars partir en fumée alors que l’objectif était d’atteindre deux milliards de dollars à fin avril 2014, laisse perplexe de nombreux congolais. Ces derniers s’interrogent sur les causes de cette baisse lorsqu’on sait que les conséquences en termes d’amélioration du vécu quotidien des populations, vont inévitablement se faire sentir, d’une manière ou d’une autre.         

Tout en rassurant que des dispositions conséquentes ont été prises pour corriger cette situation, la Banque centrale du Congo (BCC) a justifié cette tendance à la baisse des devises étrangères par « la forte consommation du trésor public pour répondre à certaines dépenses prioritaires ». Cette progression exponentielle des dépenses dites prioritaires remet à la surface la problématique de la gestion des finances publiques déjà mises à mal après les tristes révélations autour de l’existence des comptes illégaux du trésor dans les banques commerciales. L’opacité qui généralement entoure l’ordonnancement de certaines dépenses publiques au nom des « dépenses prioritaires », une rubrique qui échappe souvent au contrôle du Centre d’émission et du gouvernement, n’est pas non plus de nature à faciliter les choses.

 Le gouvernement, pour sa part, enjoint la BCC à « explorer les différentes voies pour maintenir le niveau requis des réserves internationales, compatible avec le volume d’importations des biens et services dont le pays a besoin, dans le contexte de la croissance économique projetée ». La BCC est donc astreinte à se pencher sur la baisse continue de son niveau. Comme si cela ne suffisait pas, l’on apprend des participants à la reunion de la troïka stratégique que les prix des métaux exportés par la RDC ont également connu une baisse en international. Les prix de vente du cuivre et du cobalt ont  chuté baissant respectivement de 33 dollars et 199 dollars. Des faits qui contrastent nettement avec le discours pompeux de croissance économique que distille le Premier ministre sur fond d’une autosatisfaction sans prise sur les réalités du terrain.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le gouverneur de la BCC, Déogracias Mutombo