Enjeux de l’heure : les concertations nationales mal parties

Lundi 2 Septembre 2013 - 17:51

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Crépitement des armes à l’Est, boycott des FAC et alliés de ces assises, annulation d’un meeting de l’opposition, controverse autour des thématiques retenues, refus de libérer les prisonniers politiques, etc., la cohésion nationale est à rude épreuve.   

​À la veille de l’ouverture des travaux des concertations nationales prévues pour ce 4 septembre, le scepticisme semble de plus en plus gagner les esprits. Les faits politiques récents ne rassurent guère à l’image de cette déclaration assassine des groupes parlementaires et partis politiques des Forces acquises au changement (FAC) représentés à l’Assemblée nationale. Cette frange de l’opposition, qui regroupe quelques partis politiques phare de cette plate-forme politique parmi lesquels l’UNC et alliés de Vital Kamerhe, les FAC et alliés de Martin Fayulu, l’UDPS et alliés de Samy Badibanga, le MLC et alliés encore sous la direction de Jean-Lucien Bussa, etc., vient de lever une option claire par rapport à ces assises. La déclaration de ce regroupement politique rendue publique le 31 août est sans équivoque. Il ne participera pas à ce forum national pour autant qu’il s’écarte de l’esprit et de la lettre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba (24 février 2011) et de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour ces opposants, « l’interprétation sélective qui frappe la résolution 2098 à travers l’Ordonnance du 26 Juin 2013 expose la Nation tout entière au risque de passer à côté des objectifs de réconciliation nationale et de paix ».

Au-delà de ces considérations, les FAC et alliés estiment que la vraie réconciliation nationale devrait passer inéluctablement par la résolution de la crise de légitimité née des élections controversées du 28 novembre 2011 en RDC. Sur la même lancée, elles  pensent qu’Étienne Tshisekedi, en tant qu’un des acteurs principaux de la crise actuelle, ne devrait pas être écarté autant que les groupes armés à la base de l’insécurité récurrente à l’est du pays. « Nous rappelons que la cohésion nationale n’est pas possible sans décrispation politique ni inclusivité », déclarent-elles. Enfin, les FAC et alliés tirent la sonnette d’alarme en mettant en garde contre les velléités de modification de la Constitution qui pourraient surgir dans le chef des participants tout en dénonçant le projet de mise en place d’un gouvernement d’union nationale « contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution en vigueur ».  

Grâce présidentielle pour les prisonniers politiques

Cette déclaration politique, selon maints observateurs, est venue rajouter aux appréhensions déjà nourries autour de ce forum national déjà mal parties eu égard aux contestations dont elles sont l’objet. Au sein da la classe politique, la bipolarisation entre les pro et les anti-concertations est déjà manifeste. Une fracture de nature à entraver la dynamique de la cohésion nationale. Les leaders des FAC (aile Martin Fayulu) qui devraient tenir le 1er septembre au stade Vélodrome de Kintambo un meeting ont été empêchés d’accès sur le site et leurs militants éconduits par les forces de l’ordre. Dans la foulée, certains cadres de ce regroupement politique ont été interpellés et d’autres arrêtés, apprend-on des sources proches des organisateurs.

D’après le coordonateur des FAC qui affirme détenir toutes les autorisations nécessaires de l’administration urbaine, ce rassemblement politique ne visait qu’à sensibiliser la population par rapport aux enjeux de l’heure : tentative de révision de l’article 220 de la Constitution, dialogue national et guerre à l’Est. Entre-temps, des voix continuent de s’élever dans la classe politique pour qu’au nom de la cohésion nationale tant recherchée et de la décrispation politique, les prisonniers politiques et militaires soient graciés. L’arrêté de la ministre de la Justice et droits humains pris le 31 août concernant la libération conditionnelle de 1025 détenus répartis dans les différentes prisons de la RDC paraît être de nul effet, selon de nombreux observateurs d’autant plus qu’il ne concerne que les prisonniers de droit commun. 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les leaders des FAC et alliés lors de la lecture de leur déclaration politique