Enjeux électoraux : test de popularité pour Ne Mwanda Nsemi au Kongo Central

Samedi 22 Août 2015 - 12:45

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En affichant officiellement sa position en faveur du "glissement collectif", le député national, désormais très controversé au sein de sa famille politique naturelle : l'opposition, a foulé pour la première fois la terre de ses ancêtres après les évènements tragiques qui ont endeuillé cette province. Selon un spécialiste de la vie politique nationale contacté par la rédaction, Ne Mwanda Nsemi qui a entre-temps obtenu les documents nécessaires au fonctionnement de son parti "Bundu Dia Mayala" a joué gros en se rendant au Kongo Central, une province acquise, en grande partie, à l'opposition, pour y prononcer un discours perçu comme une perche tendue au pouvoir de Kinshasa.    

En dehors de l'épisode houleux de Mwanda où l'homme politique a eu à en découdre avec une frange de la population très hostile à ce discours, la visite de Ne Mwanda Nsemi s'est globalement bien passée, affirme notre spécialiste. "On se serait attendu à pire avec ce retournement à 180°. En effet, on ne reconnaît plus cet homme charismatique et mystérieux qui a entretenu jusqu'à peu un discours très dur vis-à-vis des autorités du pays", ajoute-t-il.

Pour autant, les échauffourées de Mwanda aussi dramatiques et interpéllatrices soient-elles ont bien occulté d'autres étapes importantes de la campagne d'explication du leader de Bundu Dia Mayala. "Ne Mwanda Nsemi est revenu dans sa terre natale avec un nouveau parti qui conserve quasiment l'approche ancienne, celle du grand rassemblement des différentes communautés de sa province. c'est le sens de Bundu Dia Mayala en langue locale et la recette marche toujours". 

En arrivant au Kongo Central où il fût interdit de séjour après les tensions politico-religieuses suscitées par le mouvement "Bundu Dia Kongo", Ne Mwanda Nsemi a commencé par Luozi, son fief. "Il n'y a pas eu d'incident. Les sources locales ont signalé une mobilisation de la population". Plus tard, à l'étape de Boma, il y a un élément qui n'échappe pas aux observateurs de la vie poilitique Kongo. "Il a fait le plein. En termes de mobilisation, il a fait plus que le gouverneur du Kongo Central, Jacques Mbadu, à certains endroits".

Est-ce le message qui suscite l'adhésion des Kongo ou l'homme qui continue à séduire les masses ? Il est encore trop tôt pour se prononcer. "Il a le mérite d'avoir osé. Il est allé dans une province acquise à l'opposition pour dire ce que certains acteurs politiques parmi les plus réputés du Kongo Central  n'oseront jamais dire à haute voix". En somme, il a bien lancé le débat. "Il ne vient pas demander de revoir la Constitution mais il explique la difficulté d'organiser les élections devant tant d'enjeux non résolus notamment le sort des nouveaux électeurs. Qu'est-ce qu'on en fait, ils ont le droit de vote. Rien que la révision du fichier électoral nous poussera au-delà du calendrier. Mais il faut ajouter également les nouvelles provinces qui doivent s'organiser et disposer déjà de leurs gouvernements et assemblées respectifs. Ne Mwanda Nsemi présente un discours rationnel et non passionné. Il use de son poids politique pour distiller le message".

Au stade actuel, il est encore difficile de voir en cette visite de Ne Mwanda Nsemi au Kongo Central les prémices d'une alliance politique entre lui et la majorité présidentielle. En effet, si le leader de Bundu Dia Mayala a pris des risques politiques, par contre il semble n'avoir pas totalement remis à plat sa vision pour sa province. " Qui est Ne Mwanda Nsemi ? C'est un acteur politique qui a gardé un style de vie modeste. On ne le voit pas dans les salons huppés de Kinshasa. Il parle des problèmes qui touchent ses compatriotes, principalement le chômage.  Il veut que le peuple du Kongo Central profite de sa richesse"

Et puis il y a les non-dits de ce déplacement de Ne Mwanda Nsemi au Kongo Central. "Selon les informations en notre possession, il aurait tenu une nouvelle fois un discours séparatiste en envisageant la possibilité que la province du Kongo Central puisse un jour quitter la RDC. Si cette information se confirme, cela prouverait qu'il ne sera pas un partenaire politique que le pouvoir de Kinshasa pourrait maîtriser. Cette donne risque de peser fortement sur les calculs politiques futurs. Les stratèges de la majorité ne chercheront pas certainement à le rendre plus fort car il aura également une capacité de nuisance plus forte. Pour l'heure, on s'observe, chaque camp évaluer ses forces et cela pesera plus tard, lors des tractations politiques". Nous y reviendrons.                  

Laurent Essolomwa

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