Entrepreneuriat : le FPI sous perfusion

Lundi 28 Décembre 2015 - 18:00

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70% de projets financés par cette entreprise publique, entre 2008 et 2014, n’ont pas été réalisés pendant que d’autres sont tout simplement fictifs, révèle une récente enquête parlementaire.

Le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) se trouve présentement empêtré dans un gouffre financier qui risque, à la longue, d’affecter son fonctionnement. Cette entreprise publique muée en vache laitière pour certaines autorités du pays, qui y ont trouvé une aubaine pour accroître leurs avoirs financiers, a vu ses caisses être constamment sollicitées par des demandeurs des crédits. Plutôt que d’être des vrais entrepreneurs porteurs des projets bancables susceptibles d’être financés afin que le pays en tire la meilleure partie en termes d’investissement intérieur, il s’est agi principalement des politiques marqués par une frénésie boulimique sans pareil. Membres du gouvernement, députés et sénateurs, sans oublier des autorités judiciaires ou encore des animateurs des institutions d’appui à la démocratie, tous ou presque agissant sous couvert de quelques proches ont retiré d’énormes fonds des caisses du FPI.

C’est en tout cas ce que vient de révéler un récent rapport de la commission d’enquête parlementaire déposé, il y a peu, sur la table du président de l’Assemblée nationale. Il est possible que le dossier soit porté incessamment  devant les députés et sénateurs pour un examen approfondi, apprend-on. Le rapport parle d’une importante somme de plus de 140 millions de dollars débloqués par cette entreprise d’État entre 2008 et 2014 en faveur des requérants parmi lesquels de nombreux membres de la majorité présidentielle, ministres et députés nationaux, anciens comme nouveaux. Le plus écœurant dans tout ceci est que les principaux bénéficiaires desdits crédits n’ont jamais songé rembourser les fonds perçus sur la base de leur filiation à la famille politique du chef de l’État. Au nombre de ces insolvables, le rapport cite, entre autres, trois membres du gouvernement, un député et un cadre de la Céni qui, à eux seuls, détiendraient près de trois millions de dollars.

En outre, à en croire la même source, 70% de projets financés par le FPI au cours de cette période n’ont pas été réalisés pendant que d’autres sont carrément fictifs. Les enquêteurs ont, par ailleurs, stigmatisé le marchandage qui entoure souvent le processus d’octroi des crédits sur fond d’une subjectivité tranchant avec la rationalité censée caractériser cette démarche. D’où leur exhortation pour la dépolitisation de cette entreprise publique et pour des poursuites judiciaires à engager à l’endroit des insolvables et des bénéficiaires des subventions non justifiées avec, à la clé, le recours au recouvrement forcé des impayés du portefeuille de l’État. L’objectif étant de faire renouer cette entreprise avec son objet social, celui de soutenir la croissance de l’économie, à l’instar de ce qui se passe actuellement avec la crise financière internationale qui a obligé les pays les plus libéraux à intervenir avec des fonds publics pour soutenir leurs économies.

Alain Diasso

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