Est de la RDC : le HCR dénonce un « schéma systématique pour perturber la vie des civils »

Mardi 16 Février 2021 - 16:24

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L’agence onusienne est préoccupée par les atrocités commises par les groupes armées dans cette partie meurtrie de la République. Elle a parlé d’une volonté délibérée de susciter la peur et de créer des ravages.

L’insécurité continue d’allonger la liste des victimes dans l’est de la RDC. Il n’y a pas eu de répit pour la population et même les civils déplacés qui continuent à faire face à des meurtres et autres enlèvements en 2021. Comme le rappelle l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), un groupe armé a tué deux hommes et gravement blessé six autres lors d’une incursion le 24 janvier dernier dans un site de personnes déplacées de force de Masisi, un territoire du Nord-Kivu. Cette attaque venait ainsi s’ajouter au lourd bilan de 2020, une année marquée par un record de plus de 2 000 civils tués dans les trois provinces orientales. Par ailleurs, au cours du même mois de janvier, il y a eu une autre attaque d’un groupe armé qui a abouti au kidnapping de trois personnes vivant dans un site de déplacés de Kivuye à Masisi. Pire, ce groupe armé a imposé un couvre-feu à 19 heures dans la zone contrôlée et a introduit une taxe de sécurité.

Ces taxes du reste illégales sont imposées à des personnes déplacées qui veulent accéder à leurs fermes dans leurs villages d’origine. Sans revenus, celles-ci n’arrivent pas à les honorer. L’on compte ainsi plus de 88 000 personnes déplacées qui résident actuellement dans vingt-deux sites soutenus par le HCR et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Une grande partie de ces déplacés sont hébergés dans des communautés d’accueil. Des témoignages poignants confirment au moins sept incursions de groupes armés dans cinq sites différents de Masisi entre décembre 2020 et janvier 2021. Il s’agit des attaques menées sur la base de simples soupçons de collaboration avec d’autres groupes ou avec les forces de sécurité.

Pour le HCR, les opérations militaires de l’armée RD-congolaise récoltent plus de succès que par le passé. Toutefois, les forces armées n’arrivent toujours pas à maintenir le contrôle de ces zones qu’elles sécurisent. Par conséquent, des contre-offensives permettent aux groupes armés de les reconquérir de nouveau. D’où l’appel du HCR en direction de tous les acteurs pour le respect du caractère civil et humanitaire des sites de déplacés. Il faut également, a-t-il ajouté, organiser des enquêtes indépendantes sur les crimes commis afin de punir leurs auteurs. Dans l’ensemble, les violences dans l’est du pays ont déraciné plus de cinq millions de personnes au cours des deux dernières années, entraînant près de deux millions de déplacés dans la seule province du Nord-Kivu. Entre-temps, le HCR doit faire face à un grave manque de financement. Sur les 195 millions de dollars américains d’appel de fonds, il n’a reçu à ce jour que 11 millions.

Laurent Essolomwa

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