Exécution du budget : des dysfonctionnements constatés dans le secteur de la santéJeudi 5 Décembre 2013 - 20:08 Le rapport d’audit de la Cour des comptes sur une période allant de 2006 à 2012 a constaté le financement inefficace du secteur tant par les fonds publics que ceux provenant des partenaires au développement, et la mauvaise utilisation de l'argent par les différents services du ministère de la Santé publique. Selon la direction de reddition des comptes, les données budgétaires ont révélé un faible financement du secteur de la santé, contrairement aux engagements pris en 2011 à Abuja de consacrer 15% du budget de l’État. Au cours de cette période, le budget global de l'État n’a pas excédé les 4 milliards de dollars américains. Entre 2006 et 2011, la part du budget de la santé n’a jamais dépassé les 5%. Mais en 2012, elle a représenté près de 8%. Toutefois, cette information en rapport à l’exercice 2012 n’est pas confirmée par la reddition des comptes. Avec des projections et engagements déjà faibles, il faut encore ajouter un taux de décaissement dramatiquement bas, tournant autour d’une moyenne de 54%, même s’il y a eu des pics en 2007 et 2008 avec des taux respectifs de 92% et 95%. De 2010 à 2012, le taux s’est effrité, variant entre 24 et 18%. En retour, la Cour des comptes a remis en doute la qualité des statistiques des services sur les dépenses, au regard des nombreuses discordances. D’une manière générale, la rémunération a la part la plus élevée des allocations des fonds et un taux d’exécution satisfaisant. La Cour des comptes a fait état du financement provenant des aides extérieures bilatérales et multilatérales. Sur ce point, elle a déploré la prise en compte par les partenaires au développement des indicateurs contre la maladie, en lieu et place des services de la santé centrés sur la personne ; les cas de des programmes contre le VIH-Sida, le paludisme et la tuberculose, a-t-elle cité. L’institution a noté aussi une opacité dans la gestion de ces fonds. «Quant aux statistiques relatives aux fonds reçus par les programmes et services qui traitent, pour les dits-fonds, directement avec les partenaires au développement, l’administration et sa hiérarchie ont été incapables de les présenter, en dépit de plusieurs réquisitions, notes d’entrevue et même malgré la convocation émanant du Procureur général». Par contre, la Cour des comptes a fait remarquer que l’administration a présenté des données non exhaustives sur les intentions des partenaires au développement entre 2006 et 2012. Or, le défi de la transparence suppose les statistiques complètes sur les décaissements. Recommandations De manière détaillée, la Cour des comptes a épinglé les points à changer pour améliorer la gestion du secteur. Elle a remarqué un grave déficit dans l’organisation financière et comptable de toutes les structures auditées. Ses observations ont tourné sur les problèmes dans l’appui des gouvernements central et provinciaux au secteur de la santé. Enfin, au niveau de l’appui bilatéral et multilatéral, il faut aussi à une meilleure coordination des aides extérieures. Le ministère de la Santé devrait jouer un rôle plus important, car la quasi-totalité des structures du secteur est financée par les partenaires. Cela va de l’appui institutionnel à l’appui aux activités au niveau périphérique, en équipements et en logistiques. Cette dépendance ne permet pas au gouvernement, à travers son ministère de la Santé, de décider, d’orienter et de conduire une politique nationale de santé et des politiques sous-sectorielles. Autre recommandation, le gouvernement doit mettre en œuvre un budget conséquent en faveur de la santé, et un meilleur circuit d’informations sur les ressources extérieures. Laurent Essolomwa |