Famine : la RDC exposée à une insécurité alimentaire "aigüe "

Lundi 22 Février 2021 - 18:21

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La République démocratique du Congo (RDC) viendrait même à la troisième position sur une liste de douze pays IDA (Association internationale de développement) les plus exposés au cours des douze prochains mois à l'insécurité alimentaire. Selon la Banque mondiale (BM), la montée de l’insécurité alimentaire va ruiner tous les efforts accomplis durant les dernières décennies dans le domaine de la nutrition des femmes et des enfants.

Le Programme alimentaire mondial (Pam) a donné le ton en estimant le nombre total de personnes en situation alimentaire aigüe dans 54 pays IDA à 233 millions à fin 2020. Au moins 96 millions de personnes ont basculé dans ce statut rien que l’année passée, s’ajoutant ainsi aux 137 millions déjà dans cette situation. Certaines de ces personnes vivent dans des environnements en proie à la fragilité ou aux conflits. En d’autres termes, ce sont des zones réputées très exposées.  

Pour 2021, les projections de la BM restent alarmistes, avec son chiffre de 330 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aigüe. Il s’agit, explique-t-elle, des résultats d’une modélisation stochastique. Toutefois, l’institution de Bretton Wood décrit une situation chaotique qui annihilera à coup sûr une grande partie des progrès accomplis ces dernières décennies dans la nutrition des femmes et des enfants. Selon elle, il faut s’attendre à la recrudescence des retards de croissance chez les enfants.

Quant aux causes de ce phénomène, elles sont  multiples. Il faut se rappeler qu’il n’y avait pas de coronavirus lors de la crise alimentaire de 2008, qui était le fruit des perturbations sur les marchés mondiaux. Il y a eu, à cette époque, un mélange entre les pertes de revenus massives et la chute des remises migratoires qui ont entamé la capacité des ménages urbains et ruraux à couvrir les dépenses alimentaires. Parmi les maux, l’on cite aussi les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les dépréciations monétaires, les restrictions de circulation, la fermeture des marchés de produits frais, la diminution de la main d’œuvre, le manque de liquidité, l’arrêt des activités des micro-petites et moyennes entreprises informelles et fragiles, etc. La liste n’est pas exhaustive.

Enfin, il y a la Covid-19 aujourd’hui : « Les effets de la Covid-19 viennent s’ajouter aux multiples facteurs qui contribuent depuis 2014 à une aggravation de la faim dans le monde ». La tendance est plus prononcée et plutôt ancienne dans les pays IDA. A cause des dérèglements climatiques, des conflits, des zoonoses (maladies infectieuses transmissibles des animaux à l’homme) et des invasions ravageuses, sans oublier les chocs économiques, l’Afrique subsaharienne avait commencé à enregistrer des pertes majeures dans la production agricole tous les 2,5 ans en moyenne entre 2007 et 2016, précise la BM. Si l’on rajoute les effets pervers de la Covid-19, il devient aujourd’hui de plus en plus difficile d’avoir une croissance durable de la production alimentaire par habitant.

On en arrive alors à identifier les zones les plus exposées à une insécurité alimentaire aigüe. Au cours des 12 prochains mois, il y a exactement 12 pays qui sont concernés : Afghanistan, Burkina Faso, RDC, Éthiopie, Haïti, Niger, Nigéria, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Yémen et Zimbabwe. Au niveau de l’aide mobilisée par la BM à travers l’IDA, le montant alloué en faveur des pays touchés par l’insécurité alimentaire a atteint les 5,3 milliards de dollars US entre avril et septembre 2020. Depuis 2008, l’IDA est arrivée à tripler ses financements annuels en faveur de l’agriculture et de la protection sociale. Il devient impérieux aujourd’hui d’aligner les politiques et les dépenses publiques pour parvenir à améliorer la sécurité alimentaire.

Laurent Essolomwa

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