Faux médicaments : l’absence d’une loi répressive favorise le trafic

Mardi 7 Janvier 2020 - 16:15

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La lutte contre les faux médicaments continue de mobiliser parmi les professionnels de la santé, à quelques jours de l’ouverture du sommet des chefs d’État africains consacré au fléau. Pour le président du conseil national de l’ordre des pharmaciens du Congo, le Dr. Jean Charles Claude Ongoli, le vide juridique contribue à l’accroissement de l’industrie des faux médicaments.

Le conseil national de l’ordre des pharmaciens du Congo milite aux côtés des pouvoirs publics contre le commerce et la consommation des produits médicaux falsifiés au Congo. Selon le Dr. Jean Charles Ongoli, le trafic de ces produits médicaux représente un véritable problème de santé publique et une menace sur la pharmacie légale.  

Lors d’une entrevue avec le quotidien Les Dépêches de Brazzaville, le 7 janvier, le pharmacien a déploré l’inefficacité des opérations menées par les services de l’État. Lorsque les trafiquants sont arrêtés, a-t- il souligné, ceux-ci sont souvent relaxés par la justice faute de loi.

Le sommet des chefs d’État africains, a estimé Dr. Jean Charles Ongoli, devrait être l’occasion pour la République du Congo et les autres pays africains de ratifier la Convention Médicrime, l’unique outil international qui criminalise la contrefaçon et la distribution de produits médicaux mis sur le marché en violation des normes de sécurité.

« Le commerce des faux médicaments s’est développé ces quinze dernières années au Congo. Malheureusement, ce trafic n’est pas pénalisé jusqu’alors. Notre souhait est que le pays ratifie la Convention Médicrime. Cela est conforme à l’appel de Cotonou lancé en 2009 par l’ancien président français, Jacques Chirac, où le président Denis Sassou N’Guesso avait signé le 12 octobre 2009 », a plaidé Jean Charles Ongoli.

Les enjeux de l’initiative de Lomé

Au total six chefs d'Etat ont déjà confirmé leur participation au prochain sommet, notamment les présidents Denis Sassou N'Guesso, du Congo-Brazzaville, Adama Barrow, de la Gambie, Mahamadou Issoufou, du Niger, Yoweri Museveni, de l’Ouganda, Macky Sall, du Sénégal, et Faure Gnassingbé, l’hôte du sommet.

Les dirigeants africains tenteront d’afficher leur engagement contre le fléau des faux médicaments, avec la signature d’une Déclaration politique et d’un accord-cadre avec une feuille de route bien définie. Cette phase permettra d’introduire rapidement de nouvelles législations visant à criminaliser le trafic ; de ratifier la Convention Médicrime ; de mettre en place des mécanismes afin d’assurer l’application rigoureuse de la loi pénale au niveau national et international et d’encourager les autres pays africains à se joindre à cette initiative.

Le rôle clé de la Fondation Brazzaville

La rencontre de haut niveau sur les faux médicaments, à Lomé, est organisée par la présidence togolaise, avec une forte implication de la Fondation Brazzaville. D’après le président de la fondation, Jean-Yves Ollivier, l’initiative de Lomé est l’occasion de mobiliser l’opinion contre le fléau. Son organisation est chargée d’assurer le suivi, la coordination et le conseil durant l’évènement.

« La prédominance de faux médicaments est une crise de santé publique que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer. Des personnes partout dans le monde meurent encore chaque jour parce que ce fléau n’a pas été suffisamment considéré. Ce trafic abject génère d’énormes profits pour les criminels et les terroristes, déstabilisant certains des pays les plus fragiles », a alerté Jean-Yves Ollivier.

Enfin, la Fondation Brazzaville, qui dispose d’une expertise en matière de suivi de projet et d’analyse des politiques en Afrique, a mobilisé ses principaux membres au sommet des chefs d’État, tels que Jean-Yves Ollivier, président de cette fondation ; Joyce Banda, ancienne présidente du Malawi, Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigéria, Kgalema Motlanthe, ancien président de l'Afrique du Sud, Amama Mbabazi, ancien Premier ministre de l'Ouganda, Amara Essy, ancienne Premier ministre de Côte d'Ivoire, Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée.

 

 

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Dr. Jean Charles Claude Ongoli/Adiac

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