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Fomac : attention aux coups bas !

Mercredi 17 Juillet 2013 - 13:00

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La Centrafrique est exsangue, en proie aux troubles ; elle a besoin d’aide, chacun le sait. Chacun sait aussi que cette situation ne date pas de la prise du pouvoir par les rebelles de la Seleka le 24 mars dernier. Même sous le régime de l’ex-président François Bozizé, tombeur en 2003 de son prédécesseur, le défunt Ange-Félix Patassé, la déliquescence dans laquelle continue de voguer l’État de Centrafrique était loin d’être résorbée. C’est pour cette raison que les troupes d’Afrique centrale stationnent dans ce pays depuis dix ans. Le but étant d’y faire revenir la quiétude et, à terme, de rendre à la Centrafrique sa capacité à rétablir ses équilibres fondamentaux et l’aider à recouvrer la pleine souveraineté de son territoire.

Du tableau peint quatre mois après le énième coup d’État survenu dans le pays de Barthélémy Boganda, le chemin vers la réalisation de cet objectif sera long et semé d’embûches. De nombreux défis devront, en effet, être relevés, à commencer par celui de la sécurité civile, qui commande tous les autres et fait craindre le retour à la case départ. Pays ravagé par une longue crise, la Centrafrique a vécu les événements du 24 mars comme la rupture d’une digue, avec les ravages que cela provoque souvent en période de crue.

Selon des témoignages qui restent à authentifier, au lendemain du putsch, les effectifs de la Seleka auraient littéralement explosé, passant de près de 7 000 à un peu plus de 20 000 hommes. Une déferlante constituée, entre autres, de milices perdues, aux obédiences religieuses douteuses, venues de pays frontaliers et bien au-delà. Naguère voués aux trafics en tous genres dans la zone plus qu’incontrôlée du Sahel, ces trafiquants ont fondu sur la Centrafrique en essaims. Ce qui expliquerait la violation à grande échelle des droits humains à travers des tueries, des viols et pillages impunis du fait de l’absence d’une autorité capable de faire régner l’ordre dans le pays. Les premières victimes de ces exactions sont des femmes et des enfants sans protection, qui demeurent vulnérables.

Faire régner l’ordre, telle est, au risque de nous répéter, la mission assignée aux unités dépêchées par les pays de la sous-région. Il paraît cependant qu’entre eux, en plus de s’épier mutuellement, les contingents envoyés en Centrafrique dans le cadre de la Force multinationale des États d’Afrique centrale (Fomac) seraient confrontés à un phénomène qui, s’il est vérifié, pourrait retarder l’application de la feuille de route sur la sortie de crise. Des miliciens désarmés lors d’opérations dédiées à la démobilisation trouveraient chaque fois le moyen d’être réarmés en sourdine par certaines forces, rendant improbable la fin de cette mission indispensable au retour de la paix civile.

Il faut peut-être prendre de telles informations avec la plus grande prudence. Elles sont graves au regard des efforts consentis par l’Afrique centrale et les partenaires extérieurs engagés dans le processus de paix en Centrafrique. Mais si ces témoignages ne relèvent pas exclusivement des fantasmes de citoyens traumatisés par de longues années de démission des pouvoirs publics à Bangui, ils méritent d’être pris en compte pour aider au succès de la mission de la Fomac.

Une mission difficile, certes, mais pas impossible.

 

 

Gankama N’Siah

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