Fonds Covid-19 : les députés attendent des explications du gouvernement

Lundi 16 Août 2021 - 15:00

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Depuis la survenue de la pandémie en mars 2020, la République du Congo a déjà dépensé quelque 80 milliards F CFA sur fonds propres. Un montant jugé exorbitant par la représentation nationale qui parle des dépenses plafonnées dépassant largement les prévisions budgétaires.

Le parlement a autorisé, le 13 août, la prorogation de l’Etat d’urgence sanitaire pour la 25e fois consécutive. Une occasion pour les députés d’interpeller le gouvernement sur le non-respect des mesures barrières et la manière dont les dépenses destinées à la lutte contre la maladie sont effectuées. Selon le ministre délégué au Budget, Ludovic Ngatsé, environ 80 milliards FCFA ont été décaissés ces seize derniers mois pour financer la stratégie de lutte contre le coronavirus. Il s’agit notamment de l’achat du matériel médical et de l’équipement des deux hôpitaux généraux de Patra à Pointe-Noire et de Nkombo à Brazzaville.  

Ces chiffres, annoncés par le ministre Ludovic Ngatsé, lors de son audition par la commission des lois et affaires administratives de l’Assemblée nationale le 12 août, ont attiré l’attention de la plénière. Car ils sont largement supérieurs aux montants prévus dans la loi de finances rectificative alors que la Force publique peine à faire appliquer les mesures barrières à cause, entre autres, du manque des moyens.  En effet, le ministre de la Sécurité et de l’Ordre public, Raymond Zéphirin Mboulou, a indiqué devant la commission que « la Force publique n’arrive plus à faire convenablement son travail, dans le cadre de la lutte contre la pandémie, faute de moyens. Le dernier financement de la Force publique en vue de déploiement des agents date de novembre 2020 ».

Déplorant l’absence des ministres concernés à la plénière, les députés ayant pris la parole ont dénoncé le fait que de 10 milliards, le fonds covid-19 est passé à 12 milliards FCFA en juin sans l’accord du parlement. Cela au moment où la Force publique n’a plus reçu de financement depuis neuf mois.

S’agissant de l’équipement des deux hôpitaux généraux de Pointe-Noire et de Brazzaville, le président de la commission économie et finances, Maurice Mavoungou, a rappelé que des crédits spécifiques avaient été alloués à ces deux structures sanitaires dans le budget d’investissement.  

« …On ne peut pas passer de 35 milliards dont 10 du fonds covid-19 à 80 milliards FCFA aujourd’hui. Si nécessité y était, qu’est-ce qui peut justifier que depuis novembre 2020, on n’ait pas pu financer les services de sécurité ? Les deux hôpitaux ont des crédits dans le budget d’investissement. L’adoption de la loi de finances rectificative était une occasion pour le gouvernement de nous expliquer tout cela. Le fonds covid-19 est abondé par la vente des cargaisons de pétrole. Il suffisait au gouvernement de prendre les décrets d’avance, c’est l’argent public, et nous parlementaires, sommes l’autorité budgétaire », a déclaré le député Maurice Mavoungou.

Appuyant le président de sa commission, Marien Mobondzo Endzonga a rappelé qu’en matière d’urgence dans les finances publiques, le gouvernement peut engager des dépenses pour informer le parlement par la suite. Selon lui, les informations reçues à la commission économie et finances sont contradictoires en matière de gestion, de financement de la pandémie. « Ces informations nous laissent la pyramide inversée, les dépenses courantes sont supérieures aux dépenses en capital. Nous dépensons plus pour financer les rémunérations de ceux qui luttent contre la pandémie à coronavirus et non en matière des dépenses en capital d’équipements », a dénoncé le rapporteur de cette commission.

Selon le président du groupe parlementaire PCT et alliés, Jean-Jaurès Ondélé, le débat engagé par le député Mavoungou valait la peine car la prorogation du prochain état d’urgence sanitaire sera conditionnée par la présence de tous les ministres concernés. « Nous sommes dans un très bel exercice démocratique. Nous ne sommes pas une Assemblée des passoirs, nous sommes le législateur. Nous avons le devoir de contrôler les dépenses, l’absence de ces ministres est une faute grave », a-t-il lâché.

Pour ironiser ce débat engagé par les élus de la majorité présidentielle, le député de l’Upads, Alain Pascal Leyinda, a indiqué que « cela s’appelle tout simplement la séparation des pouvoirs ».

Défendant le projet de loi, en présence du ministre d’Etat, chargé des Relations avec le parlement, Pierre Mabiala, le ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion des peuples autochtones, Aimé Ange Wilfrid Bininga, a rassuré l’Assemblée nationale que les membres du gouvernement concernés seront présents à la prochaine prorogation. Pour lui, les députés auront l’occasion de débattre avec le gouvernement des dépenses liées à la covid-19 à l’occasion de l’adoption de la loi de règlement du budget 2020.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les députés/DR

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