Football : que pourrait apporter l’instauration d’un carton orange ?

Vendredi 14 Octobre 2022 - 12:57

En 2009, en marge de l’assemblée générale de l’International football association board (Ifab), instance qui détermine et fait évoluer les règles de jeu au football, l’arbitre international italien, Pierluigi Collina, déclarait : « Nous discuterons d’une sorte de carton orange, une expulsion temporaire pour ces situations où le carton rouge est un peu excessif et le jaune ne suffit pas ». Cette proposition est aujourd’hui remise à l’ordre du jour.

Les cartons au football sont apparus assez tard. Ils ont été introduits par l’arbitre anglais, Kenneth George Aston. Ce dernier est connu pour avoir arbitré la rencontre la plus violente de l’histoire du football à ce jour, match opposant le Chili à l’Italie lors de la Coupe du monde de 1962, encore appelé « la bataille de Santiago ».

C’est au mondial de 1966 qu’un joueur est exclu pour la première fois d’un terrain, l’Argentin Antonio Ubaldo Rattini, lors du quart de finale opposant l’Argentine à l’Angleterre, pays organisateur du tournoi. Antonio Rattini passera un peu plus de cinq minutes à protester avant d’être finalement escorté en dehors du terrain. Kenneth Aston, alors président du comité d’arbitrage de la Coupe du monde, s’inspirant du principe des feux de signalisation, mettra en place les cartons jaune et rouge qui seront plus tard adoptés par l’Ifab. Dès ce moment, Kenneth Aston révolutionne la pratique du football. Ce n’est cependant qu’en 1974 que sera attribué le premier carton rouge. De nombreux autres ont été brandis depuis lors, dont certains ont créé la controverse au passage. Il est vrai que l’apport de la VAR (Arbitrage vidéo) contribue considérablement à la réduction des injustices et des erreurs d’appréciation, il demeure cependant à ce jour des infractions à cheval pour lesquelles un carton rouge serait trop sévère et un carton jaune insuffisant.

La mise en place d’un carton orange, proposition émise par la fédération de football d’Irlande du Nord et portée par Pierluigi Collina, se présente comme la solution adéquate pour combler ce qui s’apparente à un vide juridique.

L’idée ne fait cependant pas consensus. Il se pose notamment des questions liées aux privations qu’impliquerait un cumul de ce carton ou l’addition de celui-ci à un autre, dans la mesure où l’expulsion temporaire qui le caractérise constituerait à elle seule un handicap non négligeable pour l’équipe qui en écoperait. La durée de cette expulsion en cours de jeu (cinq à quinze minutes, selon Collina) constitue un autre point d’orgue dans le débat autour de la mise en place du carton orange.

Du fait de l’organisation de la Coupe du monde au Qatar dans les prochains jours, l’Ifab ne devrait pas se prononcer d’aussi tôt. Toutefois, chaque nouvelle norme doit être introduite au moins deux ans avant son implémentation à la Coupe du monde, en vue d’être expérimentée dans les plus grandes compétitions de football. L’Ifab devra donc statuer sur l’instauration ou non du carton orange courant 2023.

Sasha Kitadi